Mike Brant célébré par une place à son nom à Paris, 50 ans après sa mort

Une place Mike Brant à Paris ! Elle a été actée par le conseil municipal du XVIème arrondissement en 2018, mais jamais inaugurée. À l’occasion des célébrations du 50ème anniversaire de la disparition du chanteur, Jérémy Redler, le maire, a décidé de combler ce manque. La plaque sera donc officiellement dévoilée vendredi à 11 heures, à l’heure exacte où il nous a quittés le 25 avril 1975, c’est-à-dire voici exactement un demi-siècle. Yona Brant, la nièce du chanteur, devenue la gardienne du temple, représentera la famille.

L’emplacement n’a pas été choisi au hasard. Cet espace est situé entre l’avenue Victor Hugo et la rue Spontini, juste en face du premier appartement qu’il a occupé, peu après son arrivée à Paris. Tout au long des cinq années de sa carrière éclair, il en a loué plusieurs autres, dans le même quartier, et tout aussi modestes. Les déménagements ont été fréquents, sous la pression d’adolescentes qui campaient dans le hall de l’immeuble, souvent jour et nuit, avec l’espoir de le croiser. Elles l’empêchaient de rejoindre l’ascenseur ou la cage d’escalier, en toute tranquillité. La pression était telle que, parfois, il n’avait pas d’autre solution que d’aller dormir chez des amis sûrs. Il finissait par se lasser et s’installer un peu plus loin, où, en dépit de mille précautions, le même phénomène se reproduisait presque aussitôt.

En un temps où les portables n’existaient pas, communiquer avec lui pour des questions professionnelles ou privées était tout aussi complexe. Des fans transformées en apprenties détectives, parvenaient à trouver en quelques jours, un numéro seulement transmis à quelques intimes. Il lui fallait le changer d’urgence, ce qui, pour le Français moyen, se révélait alors mission impossible. Dans les années 70, il fallait entre six mois et deux ans pour obtenir une ligne téléphonique. Il parvenait néanmoins, grâce à des interventions au sommet de la hiérarchie, à réduire la durée à quelques jours, voire une semaine au plus.

La rencontre avec Vartan et Carlos

Il n’imagine pas ce mélange d’enfer et de paradis lorsqu’un jour de 1969, il casse sa tirelire pour s’offrir un billet d’avion Tel-Aviv - Paris. Quelque temps plus tôt, dans un club de Téhéran où il interprète des classiques du folklore israélien, mais aussi des chansons de Charles Aznavour, Christophe et France Gall, il aperçoit dans la salle Sylvie Vartan et Carlos, son secrétaire. Ils sont de passage en Iran, le temps d’un concert et ont été invités à passer un moment dans ce cabaret. Après l’avoir entendu pousser la note particulièrement haut, la créatrice de La Plus belle pour aller danser lui lance, en souriant : « On a besoin d’artistes comme toi en France ! On en manque ! Viens nous voir, et on te présentera à des personnes qui pourront peut-être t’aider ! ».

Elle conclut en laissant son numéro de téléphone et celui de Carlos. Hélas, personne ne répond quand Mike les appelle juste après son arrivée en France. Il récidive pendant plus d’une semaine. En vain. Ses moyens ne lui permettant pas de rester plus longtemps dans le modeste hôtel où il est descendu, il n’a pas d’autre solution que de rentrer chez lui, en Israël. À Orly, avec sa dernière pièce, il tente un ultime coup de fil. Un miracle se produit ! Carlos répond immédiatement ! Il était en voyage, et rentre à l’instant de tournée. Il a encore ses valises sur le palier. Il l’invite à bondir dans un taxi et à le rejoindre immédiatement chez lui à Saint-Germain-des-Prés. Il va l’héberger et, quelques jours plus tard, lui présenter Jean Renard, qui va composer Laisse-moi t’aimer, son premier succès et devenir son producteur.

Le flou sur les circonstances de sa mort

Près de 24 mois plus tard, les deux hommes se séparent. Mike choisit de travailler avec d’autres personnes à qui il va accorder, un peu trop vite, une confiance pas toujours bien placée. L’accumulation de succès au hit-parade ainsi que des tournées triomphales en France, au Canada, en Allemagne et au Japon ne s’accompagnent pas de revenus auxquels il aspirait. Au début de l’année 1975, il reprend contact avec Jean Renard et décide de recommencer à travailler avec lui. À la veille de ce retour aux sources, il nous quitte brutalement.

Beaucoup de théories sont totalement absurdes. Je ne retiens que deux hypothèses : il s’est suicidé ou on l’a tué

Yona Brant

Bon nombre de rumeurs ont circulé depuis sur les circonstances de sa mort. « J’ai eu la chance d’accéder à un grand nombre de témoignages et à de nombreux documents, dit Yona Brant. Beaucoup de théories sont totalement absurdes. Je ne retiens que deux hypothèses : il s’est suicidé ou on l’a tué. Je laisse à chacun le soin de se faire son opinion ». Elle se concentre essentiellement sur la mission que sa famille lui a confiée : assurer la postérité de son oncle. Elle vient de superviser un album vinyle réunissant des couplets devenus des classiques. Elle prépare enfin pour l’automne un coffret réunissant l’intégrale de ses enregistrements en studio, des versions en public inédites, et des archives jamais publiées.

« On retrouve encore des trésors, ce qui me paraît aussi incroyable que l’engouement que Mike continue à susciter auprès des nouvelles générations. Quand j’ai célébré les 30 ans, puis les 40 ans de son départ, j’ai cru que ma mission était terminée. J’éprouve aujourd’hui le sentiment qu’elle risque de se poursuivre encore longtemps ! »