Une étude radiologique ouverte autour d’une mine d’uranium désaffectée, près de Clisson
«L’étude n’a pas été diligentée pour faire suite à la détection d’anomalies ou de problèmes d’ordre environnementaux ou sanitaires», précise d’emblée Renaud Martin, chargé de mission de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). L’agence française a lancé en fin d’année dernière une campagne d’étude radiologique de site (ERS) sur les communes de Gétigné et de Saint-Crespin-sur-Moine, dans l’agglomération de Clisson (Loire-Atlantique). D’une durée de trois ans, l’opération entend dresser d’ici la fin 2027 un panorama actualisé de l’exposition de la population aux éléments radioactifs et chimiques, alors que le secteur abrite depuis 1990 une mine d’uranium désaffectée.
Le site industriel en question, ouvert en 1952 sur le lieu-dit de L’Écarpière, consistait en quatre mines à ciel ouvert, aujourd’hui remblayées, assorties d’un réseau de galeries souterraines. Quelque 1400 tonnes d’uranium en ont été tirées au cours de son exploitation. L’Écarpière renferme encore aujourd’hui 11,35 millions de tonnes de résidus de minerai. Des remblais issus de stériles miniers, des roches et des sables faiblement radioactifs extraits pour accéder au minerai d’uranium, ont également été largement réemployés, avant 1990, dans la construction de routes et sur différents chantiers du vignoble nantais.
Étude «participative»
Outre le relevé du niveau d’exposition des populations, l’étude lancée par l’ASNR doit «améliorer les connaissances scientifiques sur l’influence du site sur son environnement proche», par le biais d’examens scientifiques et d’une enquête sur le mode de vie des habitants, indique l’autorité dans un communiqué. Toujours selon l’ASNR, malgré les travaux de réaménagement du site engagés après sa fermeture, les terrains entourant l’ancienne mine peuvent encore aujourd’hui conserver «la présence de résidus riches en radium et, dans une moindre mesure, en uranium, de stériles miniers riches en radionucléides de la chaîne de l’uranium naturel, ainsi que des produits de démantèlement de l’ancienne usine de traitement du minerai».
«C’est une étude participative, en lien avec les mairies des communes concernées et les différents acteurs du territoire impliqués dans le suivi du site», souligne Renaud Martin au Figaro, en indiquant que l’ASNR recherche des foyers volontaires pour mieux cerner les habitudes alimentaires et le mode de vies des habitants. «Il s’agira par exemple de comprendre quelle est la part de produits locaux dans leur consommation, ou quelles sont les habitudes d’usage - lieux de rencontre, de randonnée, de pique-nique, etc. - des riverains de l’ancien site minier», ajoute-t-il. Deux campagnes d’études similaires ont déjà été organisées par l’autorité autour de la centrale nucléaire de Saint-Alban-Saint-Maurice-l’Exil (Isère), ainsi que sur le site de Malvési (Aude).
Ces études radiologiques de site forment un nouveau type de campagne de relevé scientifique, mises en œuvre depuis 2019 par l’ASNR. «Il s’agit d’un choix stratégique de l’autorité, pour améliorer nos connaissances à une échelle très locale, avec des instruments de haute sensibilité, par contraste avec les constats régionaux produits par le passé», rapporte Renaud Martin. L’étude complétera d’autres programmes de surveillance existants, comme ceux de la Direction régionale de l’environnement et du logement (DREAL) et de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD). Cette dernière avait notamment rapporté, dans un rapport publié en 2023, «la persistance d’une importante contamination en aval du site, dans les eaux et sédiments d’une frayère ainsi que sur la berge de la rivière Moine».
En cas de détection d’anomalies, «des mesures seraient prises» a précisé lundi à nos confrères de Presse Océan Olivier Masset, responsable d’Orano Mining. Propriétaire de l’ancien site minier, la compagnie (ex-Areva Mines) est aujourd’hui chargée de la surveillance environnementale et sanitaire du secteur, selon les dispositions prévues par les services de l’État.