Cet article est issu du «Figaro Magazine»
LE FIGARO. - Ces dernières semaines ont été émaillées par l'occupation de Sciences Po et de la Sorbonne, notamment, par des militants propalestiniens. Qu'est-ce que cela vous inspire Gilles Kepel ? Avez-vous été prophète sur ces questions-là ?
Gilles KEPEL. - Hélas, je le crains. Il y a eu un blocage global de Sciences Po. Dans mon domaine, les études sur le monde arabe ont changé de dimension. Je professais autrefois dans l'amphi Boutmy, brièvement renommé amphi Gaza – qui pourrait aussi s'appeler amphi Mélenchon puisqu'il vient d'y prononcer une harangue tribunicienne se substituant au cours magistral d'antan… On pouvait étudier le Moyen-Orient dans toutes ses dimensions avec un public très divers dans un amphi plein à craquer. Je n'ai jamais cherché à endoctriner les étudiants, ni à créer une quelconque école, encore moins à définir une « ligne » !
Je transmettais des éléments de connaissance pour forger leur esprit critique afin qu'ils…