Un soldat franco-israélien visé par une plainte pour « torture » et « génocide » à Gaza

Le parquet national antiterroriste (Pnat) avait estimé, début septembre, que les faits apparaissaient « insuffisamment caractérisés ». La plainte en question concernait un soldat franco-israélien, protagoniste présumé d’une vidéo où l’on voit des soldats israéliens déplacer un groupe de détenus palestiniens, tous les yeux bandés et vêtus d’une combinaison blanche. L’un d’entre eux porte aussi une corde autour du cou.

Mais c’est un élément supplémentaire qui a motivé le dépôt d’une plainte auprès de la justice française : une voix parlant français se distingue du flot d’insultes proférées envers les prisonniers. On y entend : « Vous étiez contents le 7-Octobre, bande de fils de putes. T’as vu ces enculés, mon neveu ? (…) il s’est pissé dessus. Je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, ils l’ont torturé pour le faire parler. » La diffusion de cette séquence a été rendue possible par Younis Tiwari, un militant de la cause palestinienne se présentant comme journaliste, qui a publié la vidéo de la scène sur X, le 19 mars dernier.

« Il est urgent que la France enquête »

Malgré la décision du Pnat, qui a donc rejeté une première tentative, déposée le mardi 16 avril auprès du procureur général de Paris, une seconde plainte – pour « torture, crimes de guerre, génocide et complicité » – a ainsi été déposée à l’encontre de ce soldat franco-israélien, originaire de la banlieue lyonnaise, auteur présumé de la fameuse vidéo. « Nos organisations se constituent partie civile pour combattre l’inertie du parquet », affirment dans leur communiqué la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), ses organisations membres palestiniennes et françaises Al-Haq, Al Mezan, Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et la Ligue des droits de l’homme (LDH).

« Il est urgent que la France enquête, poursuive et punisse ses ressortissants impliqués dans des crimes internationaux, y compris dans le génocide à Gaza », a déclaré Shawan Jabarin, directeur général de l’association Al-Haq, cité dans le communiqué. D’après les éléments recueillis par les plaignants, le soldat visé par la plainte aurait reconnu être l’auteur de la vidéo.

En assistant aux faits et en les filmant, ce soldat franco-israélien s’est rendu coupable, a minima, de complicité de torture, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, accusent les plaignants. Plus largement, ces derniers relatent dans leur plainte, au travers des témoignages qu’ils ont recueillis, un contexte généralisé d’atteintes à l’intégrité physique et de traitements humiliants et dégradants à l’égard des prisonniers palestiniens.

Les associations s’appuient sur des rapports d’organes des Nations unies, qui documentent les mauvais traitements, assimilés à de la torture : violences physiques (coups, noyades simulées, chocs électriques, brûlures de cigarettes…) ainsi que des violences sexuelles et psychologiques.

La Commission palestinienne des affaires des détenus, ainsi que le Club des prisonniers et l’association Addameer pour les droits de l’homme, estiment que l’armée israélienne a procédé à près de 11 800 arrestations en Cisjordanie et à Jérusalem depuis le 7-Octobre. Dans la bande de Gaza, les forces d’occupation israéliennes auraient procédé à 4 500 arrestations en plus d’un an de répression. Le nombre total de détenus dans les prisons israéliennes s’élevait ainsi à 10 200, en novembre 2024. Parmi eux, 3 443 détenus administratifs, dont 100 enfants et 32 femmes, en plus des 1 627 détenus classés comme « combattants illégaux » – une catégorie qui n’existe pas dans le droit international.

« Face à l’ampleur des crimes commis, l’enquête menée par la Cour pénale internationale ne suffit pas. Chaque État qui peut exercer sa compétence doit ouvrir des enquêtes judiciaires », défendent ainsi Clémence Bectarte et Alexis Deswaef, avocats d’une partie des plaignants. L’offensive israélienne a fait au moins 45 028 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, publiées ce lundi 16 décembre.

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