Parentalité : une commission préconise de restaurer une «autorité bienveillante»

Parentalité : une commission préconise de restaurer une «autorité bienveillante»

Sujet
La ministre déléguée à l’Égalité des femmes et à la Lutte contre les Discriminations, Aurore Bergé. Gonzalo Fuentes / REUTERS

Réclamée par le gouvernement à la suite des émeutes qui ont suivi la mort de Naël à l’été 2003, elle émet 40 propositions, comme de créer un numéro vert «parents en détresse», ou de densifier les lieux d’accueil enfants-parents.

Passer la publicité

Elle prône une société à «hauteur d'enfants» et un dialogue «à hauteur de parents» : la commission parentalité créée fin 2023 appelle, dans un rapport remis jeudi 13 février, à restaurer une «autorité bienveillante» et à épauler les parents les plus vulnérables. Présidée par le pédopsychiatre Serge Hefez et la spécialiste des questions de jeunesse Hélène Roques, cette commission d'une quinzaine d'experts avait été chargée en décembre 2023 d'émettre des recommandations permettant d'améliorer l'exercice de la parentalité. Elle avait été présentée par Aurore Bergé, alors ministre des Familles, comme une des réponses du gouvernement de l'époque aux émeutes déclenchées à l'été 2023 par la mort de Nahel à Nanterre. Aurore Bergé avait notamment estimé qu'il y avait «un enjeu d'autorité à restaurer».

À l’issue d'une centaine d'auditions, la commission estime, dans son rapport qui doit être remis jeudi matin à l'actuelle ministre des Familles Catherine Vautrin, qu'il est «nécessaire de modifier la perspective traditionnelle de la politique de soutien à la parentalité.» «La société se doit de s'organiser à “hauteur d'enfants” et dialoguer avec les parents “à hauteur de parents”», souligne la commission. «Il s'agit de donner les outils nécessaires aux parents pour construire cette autorité structurante et bienveillante et, le cas échéant, de les aider à la restaurer ou à la confirmer, grâce à l'intervention des différents acteurs de la parentalité», développe-t-elle dans son rapport.

Au total, elle émet 40 propositions, parmi lesquelles la création d'un numéro vert «parents en détresse» afin de recueillir et orienter les demandes des parents, ou encore de densifier les lieux d'accueil enfants-parents sur le territoire. Elle plaide pour l'intégration d'un «droit à la parentalité» dans le code de l'action sociale et des familles, afin d'afficher «clairement que les parents sont soumis à des obligations» dans leur exercice de l'autorité parentale, «mais bénéficient aussi d'un certain nombre de droits.» Afin «d'impliquer davantage les pères dans l'éducation des enfants», elle préconise le paritarisme pour les listes de représentants de parents d'élèves au conseil d'administration des établissements scolaires.

Nonobstant la responsabilité parentale dans certaines situations, il paraît difficilement soutenable d’exonérer les acteurs publics de toute responsabilité sociale. »

Les auteurs du rapport

Face aux difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle, elle suggère d'étendre le congé de «proche aidant» aux situations de décrochage scolaire. Elle préconise également d'octroyer aux salariés «quatre demi-journées par an» pour participer à des rencontres avec les enseignants en vue d'«une meilleure connaissance des attentes et des contraintes réciproques.» Autre mesure, la possibilité de mentionner dans la déclaration fiscale la situation de handicap d'un des parents, «laquelle, sous réserve d'un taux d'incapacité minimum, permettrait l'ouverture d'un droit à une prestation sociale forfaitaire en vue de les aider dans leur mission éducative.» La commission appelle également les pouvoirs publics à mener une politique du logement adaptée à l'évolution des familles (monoparentales, recomposées etc).

En annonçant la mise en place de cette commission, Aurore Bergé avait évoqué dans la même interview la mise en place de «travaux d'intérêt général pour les parents défaillants», des déclarations qui avaient conduit plusieurs membres de la commission à démissionner pour protester contre cette vision coercitive. «La puissance publique a parfois tendance à considérer que les parents sont les responsables exclusifs des comportements inappropriés, délictueux et parfois criminels des mineurs», relèvent les auteurs du rapport. «Nonobstant la responsabilité parentale dans certaines situations, il paraît difficilement soutenable d'exonérer les acteurs publics de toute responsabilité sociale», ajoutent-ils, évoquant les «conditions d'exclusion sociale, de précarité et de ségrégation sociale.» Dans ce contexte, la politique de soutien à la parentalité «n'a pas pour objet de participer à la lutte contre la délinquance juvénile», peut-on encore lire. Mais «on peut prévenir des situations à risque.»