La Californie bannit de l’espace public le mot « squaw », jugé offensant pour les Amérindiennes
Le terme serait aujourd’hui considéré comme une « insulte ethnique, raciale et sexiste » envers les femmes autochtones. Les villes californiennes ont jusqu’au 1er janvier pour l’ôter de leur espace urbain.
Passer la publicitéL’agence des ressources naturelles de Californie va supprimer le terme « Squaw » d’une trentaine de lieux incluant des rues, des ponts, des immeubles ou encore des cimetières, a-t-elle annoncé vendredi 15 novembre, dans un communiqué relayé par le National Public Radio . Cette décision intervient dans le cadre de la loi de 2022, signée par le gouverneur de Californie Gavin Newsom, qui interdit l’utilisation de ce terme pour désigner des lieux géographiques. Une loi proposée par le député James C. Ramos, un démocrate de San Bernardino devenu le premier législateur amérindien de Californie en 2018.
Le terme, qui signifie « jeune femme » en massachusett, ancienne langue parlée par les tribus amérindiennes, a été déformé par les colons et leurs descendants au fil du temps. Des usages péjoratifs du mot ont été retrouvés dans des écrits du XIXe siècle, comme dans le journal de l’expédition Lewis et Clark en 1805. « Squaw » également utilisé pour désigner des « femmes aux peaux rouges » serait donc devenu, à la lumière de ces usages anciens, une insulte aujourd’hui et exprimerait du racisme à l’égard des peuples natifs. Le terme posséderait en outre une connotation sexuelle, désignant les Amérindiennes comme des « objets sexuels ». Le mot est considéré comme une « insulte ethnique, raciale et sexiste offensante, en particulier à l’encontre des femmes autochtones », ajoute Deb Haaland, secrétaire du US Department of the Interior.
« Pour un avenir plus inclusif »
« Les noms que nous donnons aux lieux en Californie reflètent notre histoire et notre culture communes. Ces noms de lieux ne doivent jamais insulter les communautés ni perpétuer la discrimination. La décision visant à supprimer ce terme de plusieurs endroits de notre État contribue à réparer un tort historique causé aux communautés amérindiennes de Californie et représente une étape importante vers un avenir plus inclusif et positif », insiste Wade Crowfoot, secrétaire de l’agence des ressources naturelles de Californie, dans des propos relayés par le National Public Radio. Les lieux qui portent ce nom doivent donc être renommés avant le 1er janvier 2025, rappelle l’agence des ressources naturelles.
D’autres lieux ont déjà été renommés dans cet État. C’est le cas de deux rues à Sacramento, la capitale de la Californie. Celles-ci portent désormais le nom de « Tebti », qui signifie « des ruisseaux qui coulent ensemble ». Le terme a été suggéré par la nation Yocha Dehe Wintun, une tribu amérindienne et fait un joli clin d’œil aux rivières qui se rejoignent à West Sacramento. « Grâce à une consultation continue, les tribus peuvent prendre l’initiative d’éliminer de tels mots des lieux publics de Californie », a déclaré Anthony Roberts, président de la Yocha Dehe Wintun.
En 2021, la Squaw Valley Ski Resor», station de sports d’hiver très fréquentée dans la ville homonyme Squaw Valley devenue, elle, Olympic Valley, a été rebaptisée. Désormais, l’on skie sur les pentes de Palisades Tahoe.