Syrie : à Qudsaya, les appartements des soldats du régime Assad réquisitionnés

Ici, à Qudsaya, dans la banlieue ouest de Damas, cet immeuble abritait les gradés de la garde républicaine de Bachar al-Assad. “Ce sont les premiers qui ont fui, lorsque le régime est tombé, ce sont eux qui ont détruit la Syrie”, explique "Abou Yassine”, coordinateur d'Hayat Tahrir al-Cham (HTC) dans ce quartier qui compte plus de 250 logements. Il est chargé de sécuriser la zone, de surveiller ces logements pour éviter squats et pillages.

Ce logement de fonction a visiblement été abandonné à la hâte. Ses occupants n’ont emmené que les objets de valeur. “C’est l’appartement d’un général, un très grand général, il est recherché par l’unité des opérations spéciales", raconte "Abou Yassine”. "Il est en fuite. On a confisqué l’appartement en attendant de décider ce qu’on en fera.”

Le coordinateur de HTC est appelé à un autre endroit du quartier pour régler un incident. Sur la route, un chauffeur l'interpelle : "Cheick Abou Yassine, y a-t-il un ordre d'expulser les gens de leur appartement ?" Sa réponse est : "Non, il n’y a pas d’ordre.”

Pourtant, au pied des immeubles, les résidents déménagent sous le regard d’hommes armés. Ce sont pour la plupart d’anciens militaires qui espéraient pouvoir conserver leurs appartements de fonction. Aujourd’hui, ils partent.

À lire aussiÀ Tartous, les alaouites refusent de payer pour les crimes d'Assad

"Tu nous dis que personne n’est expulsé, mais dès que tu pars..."

"Abou Yassine" est pris a partie par des résidents effrayés et en colère. “Si je n’ai pas dit à quelqu’un de partir, il n’a pas à partir, ça ne concerne que les personnes qui ont du sang sur les mains", affirme "Abou Yassine".

Un résident lui répond : "Tu nous dis que personne n’est expulsé mais dès que tu pars, dans les deux heures, on a 7 ou 8 hommes armés qui viennent nous menacer." "Non, non, personne ne menace personne”, le reprend un troisième homme.

"Abou Yassine" affirme que les combattants qui essaient de prendre les appartements de force n’appartiennent pas à HTC : “Toutes les factions ont convergé vers Damas, et il y a quelques abus de la part d'autres groupes armés. On essaie de régler définitivement ces problèmes.”

Ammar Ali Mohammed accepte de nous montrer son appartement, où il vit depuis 2012 avec sa femme enseignante et ses trois filles. Ils n’ont pas d’autre logement, ne touchent plus de salaire et craignent de se retrouver à la rue s’il sont forcés au départ.

“Nous n’avons pas reçu d’avis d’expulsion, mais tout le monde a peur, et les gens ont commencé à partir”, témoigne cet ancien soldat de la garde républicaine. “Certaines personnes nous disent : 'si vous partez maintenant vous partez avec vos affaires, après ce sera trop tard'.”

À lire aussiCarnet de route d'Alep à Damas, après la chute du régime syrien