Biathlon : avec Éric Perrot, la valeur n’attend pas le nombre des années

Les Français l’ont découvert le 8 décembre lors de l’étape inaugurale de la Coupe du monde 2024-2025 de biathlon à Kontiolahti. En terre finlandaise, Eric Perrot s’est imposé à l’occasion de la première mass start (départ groupé) de la saison avec un 19 sur 20 au tir devant Quentin Fillon Maillet, double champion olympique, seulement 9 secondes derrière mais avec trois cibles manquées. À 23 ans, la valeur montante du biathlon tricolore avait alors endossé, pour la première fois de sa jeune carrière, le dossard jaune de leader de la Coupe du monde.

Moins de deux semaines ont passé, Eric Perrot ne porte plus le précieux carré d’étoffe doré, privilège du premier au classement général, détenu désormais détenu par le Norvégien Johaness Boe, quintuple champion olympique, cinq fois vainqueur du gros globe de cristal et vingt fois champion du monde, mais le Savoyard continue à se faire un nom dans l’univers ultra-concurrentiel du biathlon. Alors que la Coupe du monde pose ses valises au Grand-Bornand (Haute-Savoie) ce week-end, pour la 3e étape, Éric Perrot compte bien profiter de l’aide du public pour marquer les esprits.

En bonne place pour la poursuite de samedi

Lors du sprint, jeudi 19 décembre, le natif de Bourg-Saint-Maurice a terminé premier Français avec une 7e place (10 sur 10 au tir) à 41’’7 du vainqueur, le Norvégien Martin Uldal, devant Emilien Jacquelin (8e à 44’’9 et 8/10) et Quentin Fillon Maillet (10e à 49’’8 et 9/10)

. « J’ai réussi à mettre en place ce que je voulais. Je suis content du combat que j’ai mené tout au long de la piste et des tirs, s’est réjoui Eric Perrot. Il en manque un tout petit peu à skis pour aller chercher les positions de devant mais je reste sur ma satisfaction du beau défi que j’ai relevé. »

À moins de 50 secondes de la tête de course, avec les écarts chronométriques qu’ils conserveront au départ de la poursuite ce samedi, les Bleus, à commencer par Perrot, conservent toutes leurs chances de jouer le podium. Surtout avec le soutien des quelque 50 000 spectateurs attendus durant le week-end en tribunes et au bord des pistes et qui vont faire monter la température d’un cran…

« Ça va être le feu, ça va être le show, j’ai hâte », lançait cette semaine celui qui parle norvégien, le pays de sa mère. Une atmosphère particulière qui peut être lourde à porter quand on débute mais qui devrait au contraire le porter ce week-end. « Quand on est dans la bosse et qu’on ne s’entend plus respirer, c’est oppressant. Il y a deux, trois ans, j’ai senti un poids sur les épaules sur la piste. J’ai vécu ces moments un peu difficiles où je n’ai pas réussi à m’exprimer, se souvient-il. (…) Je le vois comme un défi face à moi-même. Je pense que j’ai gagné en maturité, grandi, développé mon biathlon. Je pense être beaucoup plus prêt à me libérer. »

Sa 13e place au sprint de Hochfilzen (Autriche) le 13 décembre, qui avait obéré ses chances pour la poursuite du lendemain (12e à 1’37’’6, 4 tirs manqués), n’a pas entamé sa confiance en lui. Actuellement 5e au classement général de la Coupe du monde, ce fils de deux ex-biathlètes (Franck Perrot et Tone Marit Oftedal,) tous deux anciens champions du monde juniors respectivement en individuel en 1992 à Canmore (Canada) et en relais en 1993 à Ruhpolding (Allemagne), se veut ambitieux pour la suite de la saison.

« L’objectif, c’est de gagner les courses, gagner le maillot jaune. Je me bats tous les jours pour essayer d’y arriver, glisse Éric Perrot qui a cependant conscience du très haut niveau de performance imposé par les tout premiers. Je pense que j’ai encore besoin d’expérience pour être capable de faire une énorme saison aux avant-postes. »

Performant également par équipe en relais

En mars 2024, lors de l’avant-dernière étape de la saison dernière aux États-Unis, Éric Perrot avait délivré les Bleus en mettant fin à deux ans sans la moindre victoire individuelle sur le circuit mondial, tout en stoppant une série de 7 victoires consécutives norvégiennes en épreuves individuelles. Dans l’Utah, celui que ses proches et coéquipiers de l’équipe de France surnomme « Rico » avait dominé le sprint pour s’offrir son premier succès en Coupe du monde pour sa première saison intégrale dans la cour des grands. Onzième au classement général de la Coupe du monde à l’issue de la saison, il avait fini à la deuxième place derrière l’Italien Tommaso Giacomel dans la catégorie des jeunes de moins de 25 ans.

Par équipe, le pensionnaire du club de Peisey-Vallandry dans la vallée de la Tarentaise, s’est aussi illustré. En 2021, il devient champion du monde juniors du relais masculin à Obertilliach. Trois ans plus tard, il remporte la médaille d’or en relais mixte en février dernier à Nové Mesto en République tchèque, puis celle de bronze avec le relais masculin. Cette saison, son bilan est encore plus flatteur, avec deux victoires en autant de courses dans la même discipline par équipes masculines, à chaque fois devant les ogres norvégiens.

Réaliste sur son manque d’expérience mais confiant en son potentiel, Eric Perrot sait qu’en continuant à travailler, il n’y a aucune raison que sa courbe ascendante fléchisse. « Je ne me prive de rien, dit-il. Je vais continuer à bosser sur chaque course et je verrai où ça me mène. »

Le média que les milliardaires ne peuvent pas s’acheter

Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !