Il y a des mardis qui ne ressemblent à aucun autre, et Lucie Castets en sait quelque chose. La haute fonctionnaire de 37 ans s’est réveillée, comme tous les matins depuis quatre ans, pour se rendre à son bureau de directrice des finances et des achats de la ville de Paris, dans le 13e arrondissement, anonyme parmi les anonymes. Le soir même, sa photo était affichée en grand sur toutes les chaînes d’information en continu, elle était programmée pour une interview politique sur la matinale radio la plus écoutée du pays, et elle portait le projet fou de gouverner la France. Le meilleur signe de cette brusque embardée du destin, c’est le compte X de l’intéressée, passé en un rien de temps de quelques milliers d’abonnés à près de 50.000.
Entre le matin et le soir, le nom de Lucie Castets a recueilli l’assentiment des quatre principaux partis de gauche, à couteaux tirés pendant plus de deux semaines sur la question de leur premier ministre commun. Une surprise, tant le découragement dominait ces…