« Notre travail est de nettoyer l’IA pour que vous puissiez en profiter dans les pays occidentaux » : sur France 2, l’horreur cachée de la production de l’intelligence artificielle
Le sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA) bat son plein à Paris, avec des investissements colossaux, comme les 50 milliards d’euros engagés par les Émirats arabes unis dans la construction d’un data center XXL en France. Pendant ce temps, des millions de « data workers » sont exploités dans les pays du Sud global par les entreprises de la Silicone Valley.
430 millions de data workers exploités dans le monde
Les Sacrifiés de l’IA, le documentaire d’Henri Poulain, révèle les dessous de cette technologie aussi fascinante qu’inquiétante, avec ses dégâts écologiques et ses enjeux éthiques et sociaux cachés au public. « Les robots vont voler des métiers et tuer des humains, mais le phénomène dans son ensemble sera extrêmement positif pour l’humanité », explique Sam Altman, le PDG d’Open AI, dans des archives.
D’après la chercheuse berlinoise Milagros Miceli, cette philosophie du long terme permet aux sociétés de l’IA de justifier moralement l’exploitation des data workers. Invisibilisés volontairement par les entreprises, ces travailleurs sont près de 430 millions dans le monde à entraîner les IA entre quarante-cinq et soixante heures par semaine pour un salaire de misère.
Soumis à des clauses de confidentialité ultra-sévères, ils prennent le risque de témoigner dans le documentaire et dévoilent les coulisses d’une IA faillible et avide de données. « Notre travail est de nettoyer l’IA pour que vous puissiez en profiter dans les pays occidentaux, raconte un data worker kényan. On est sacrifiés pour ça. » Un avenir utopique pour quelques-uns vaut-il la souffrance de millions d’individus ?
Les Sacrifiés de l’IA, France 2, mardi 11 février à 22 h 40.
France 2 fait la promo des gagas de l’IA
Heureusement, il y a la deuxième partie de soirée (lire ci-dessus) ! Car le service public, en première partie, fait la promotion de l’intelligence artificielle et de ceux qui la monnayent. Sous couvert d’un « programme divertissant », Julia Vignali va tester « les capacités fascinantes de l’intelligence artificielle à travers des expériences et des défis, tout en s’amusant ». S’appuyer pour ces expériences sur « l’expertise » de spécialistes, comme le chercheur Luc Julia, est pertinent. Mais dérouler ainsi le tapis rouge à un créateur de contenus ou aux trois (!) cofondateurs d’Alegria. group, une société qui fait de la formation, du développement de réseau et de la prestation de services autour de l’IA, est-ce répondre à une mission de service public ?
Intelligence artificielle : la grande expérience, France 2, 21 h 10
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