Lads, Natacha (presque) hôtesse de l’air, Au pays de nos frères... Les films à voir et à éviter cette semaine
Lads - À voir
Comédie dramatique de Julien Menanteau - 1 h 31
Rattrapé par des truands à qui il doit de l’argent, un père pousse son fils à devenir jockey pour éponger ses dettes. Condamné pour vol de voitures, Ethan porte un bracelet électronique. En file indienne, de jeunes apprentis jockeys montent les uns après les autres sur une balance sous l’œil aiguisé de Suzanne Vidal. Quand vient le tour du héros à la chevelure peroxydée, les choses se corsent. Charrié par la patronne, Ethan ne se laisse pas faire, allant jusqu’à l’insulter et lui tenir tête. Ce qui ne l’empêche pas d’être recruté comme lad (garçon d’écurie) par le vieil instructeur.
Le premier film de Julien Menanteau frappe par sa maîtrise et son dynamisme. Les courses magistralement mises en scène rythment le film et lui confèrent un réalisme stupéfiant. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. O. D.
La note du Figaro : 3/4
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Natacha (presque) hôtesse de l’air - À voir
Aventure de Noémie Saglio - 1 h 30
Vous êtes sur le point d’embarquer sur la première adaptation cinématographique de Natacha, la sémillante hôtesse de l’air créée en 1970 par François Walthéry et Roland Goossens (Gos) dans Le Journal de Spirou . Située en 1963, l’intrigue met en scène les débuts de notre future hôtesse de l’air. Alors qu’elle embarque sur un vol vers New York dans lequel un ministre faussement jovial et véreux emmène La Joconde pour un prêt, le tableau est volé. N’écoutant que son courage, Natacha se lance aux trousses des voleurs avec son complice et faire-valoir Walter, le steward. Les rebondissements sont légion.
À la moindre occasion, l’histoire tourne en dérision le patriarcat dominant et autres travers sexistes du début des années 1960. Surtout, la satire reste joyeuse et bon enfant, faisant de notre charmante hôtesse de l’air le pendant féminin jubilatoire de ce cher Hubert Bonisseur de La Bath. Un sacré « coup de polish » à Natacha ! O. D.
La note du Figaro : 3/4
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Au pays de nos frères - À voir
Drame de Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi - 1 h 35
Mohammad est étudiant, Leila femme de ménage et Qasem un retraité qui a porté sa famille pendant toutes ces années. Le premier est brillant et fait l’admiration de ses camarades de classe. Mais, à trop briller, il se fait embarquer plusieurs soirs de suite à la sortie de classe pour servir de main-d’œuvre gratuite à la gendarmerie. La deuxième travaille avec son mari chez des Iraniens aisés qui les traitent plutôt bien. Mais quand elle trouve son mari mort dans leur chambre, la peur la tétanise. Elle ne révèle rien et trouve des stratagèmes pour l’enterrer. Quant au troisième, il tremble en recevant une convocation du bureau de l’immigration. Il pense savoir pourquoi : il n’a pas déclaré son déménagement. La raison est tout autre. On lui annonce que son fils qu’il croyait en Turquie est mort au côté des forces iraniennes en Syrie.
L’Iran accueille 5 millions de réfugiés afghans. Au pays de nos frères leur donne un visage. Trois histoires, trois drames, mis en lumière avec beaucoup de tact, au propre comme au figuré. Les cinéastes arrivent à bâtir un seul récit et à souligner qu’un problème existant en 2001 persiste en 2021. F. V.
La note du Figaro : 3/4
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Cassandre - À voir
Drame de Hélène Merlin - 1h43
Le film commence comme une comédie nostalgique sur les années 1990-2000. Une narratrice présente sa famille avec une certaine désinvolture. Les images défilent sur de la pellicule Super 8. Le ton est badin. Il ne faut pas s’y fier. À l’été 1998, Cassandre 14 ans revient passer l’été en famille. Son grand frère, brimé par un père autoritaire continuellement déçu par son fils, est également de retour des États-Unis où les parents l’avaient envoyé pour se perfectionner en anglais. C’est grâce à sa passion équestre que l’héroïne peut s’émanciper de l’emprise paternelle en passant ses journées dans un centre d’équitation. À la maison, les conversations avec son grand frère obsédé par la puberté de sa petite sœur sont suffocantes. Elles conduiront inévitablement au drame de l’inceste. Hélène Merlin filme cette chronique estivale qui vire au tragique comme l’anatomie d’un foyer malade qui se dévoile à la manière d’une photographie argentique sortie des bains d’une chambre noire. Une famille toxique se révèle. Éric Ruf et Zabou Breitman sont époustouflants de justesse. Ce film d’une saisissante acuité évolue dans le sillage du film Les Chatouilles d’Andrea Bescond ou du livre de Camille Kouchner La Familia Grande. Cassandre brosse le portrait d’une famille toxique et dysfonctionnelle jusqu’à l’horreur. On en ressort bousculé. Mais les éclats d’espoir et de résilience qui parsèment l’intrigue permettent d’encaisser le choc. Une œuvre d’autofiction salutaire à voir pour mieux comprendre les mécanismes insidieux de l’inceste. O.D.
La note du Figaro : 3/4
Deux sœurs - On peut voir
Comédie de Mike Leigh - 1 h 37
Elle est odieuse. Pansy n’arrête pas de râler. Elle ouvre un œil : c’est pour grogner. Sa vie est un long cauchemar. La colère est son oxygène. Elle s’emporte chez le médecin, pique une crise chez le dentiste, explose à la caisse d’un supermarché. Pas une minute de répit. Sa douleur reste un mystère, une pathologie. Heureusement, il y a sa sœur. Chantelle a un salon de coiffure. Le contraste saisit. Ses deux filles, qui travaillent pourtant, continuent à habiter avec elle. Devant la tombe, sa sœur n’en revient pas. Elles sont tellement différentes.
Cette hargne amuse, au début. À la longue, elle fatigue. Pénible. É. N.
La note du Figaro : 2/4
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The Grill - À éviter
Drame d’Alonzo Ruizpalacios - 2 h 20
The Grill a pour décor la cuisine d’un restaurant de Times Square, épicentre touristique de New York, réduit ici à une ruelle où les employés prennent une pause cigarette ou sortent les poubelles. Parmi eux, Pedro, cuistot mexicain sans papiers rétif à l’autorité. Malgré le coup de feu, Pedro trouve le temps de flirter avec sa petite amie Julia, serveuse qui cache sa grossesse sous sa robe à rayures. De la nervosité s’ajoute quand le patron découvre que l’argent de la caisse a disparu. Il met encore un peu plus la brigade sous pression, soumet les uns et les autres à un interrogatoire. Le chaos devient total quand une inondation de Coca-Cola transforme la cuisine en Titanic.
The Grill tient plus du film catastrophe. Le réalisateur mélange les ingrédients sans y aller avec le dos de la cuillère. Mais la débauche d’effets finit par étouffer le goût comme une sauce trop épaisse gâte un plat. É. S.
La note du Figaro : 1/4
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