Stargate : au cœur du projet à 500 milliards de dollars de Donald Trump pour l'IA, l'homme d'affaires japonais Masayoshi Son va-t-il faire de l'ombre à Elon Musk ?

Le président américain Donald Trump s’est félicité, mardi 21 janvier, des investissements énormes qui vont être consacrés dans le secteur privé à l’intelligence artificielle à travers le projet "Stargate". Aux États-Unis, pas moins de 500 milliards de dollars - sur quatre ans - ont été promis par un nouveau consortium appelé Stargate, une entité naissante qui inclut Open AI (le créateur de Chat GPT), la firme de logiciel Oracle et l'investisseur SoftBank. Avec la construction prévue de dizaines de centres de données sur le territoire américain, le projet sera en partie financé et piloté par un milliardaire japonais, Masayoshi Son, patron et fondateur de l’entreprise japonaise SoftBank.

Cette figure est peu connue en France, mais est suivie depuis 20 ans par les spécialistes au Japon. En novembre dernier à Tokyo, Masayoshi Son, entrepreneur issu d’une famille pauvre du sud du Japon, magnétisait une salle pleine de férus de technologies, d'analystes financiers et de journalistes lors de sa grande conférence annuelle, sur l’intelligence artificielle, sa marotte du moment.

"Ne pensez-vous pas qu’il serait bien d’avoir chacun son agent d'intelligence artificielle personnel, rien que pour soi, qui ne vienne pas seulement quand on la sollicite, mais nous accompagne en permanence. Cela va arriver."

Masayoshi Son, fondateur de l’entreprise SoftBank

des médias japonais

L'homme d'affaires japonais, gourou qui investit des sommes folles dans des entreprises internationales des secteurs technologiques - avec parfois des déconvenues -, est un fan des intelligences artificielles de l’américain Open AI, et notamment de la dernière, appelée "o1", une IA qui réfléchit. "C’est génial, ça mérite un prix Nobel. Chat GPT comprend en étant pré-entraîné, mais 'o1' est un modèle totalement nouveau qui redéfinit ce qu’est l’intelligence artificielle", s'enthousiasme Masayoshi Son.

Depuis toujours attiré par les sociétés américaines, le milliardaire a donc décidé d'investir aux côtés d’Open AI, pour bâtir aux États-Unis des dizaines de centres de données. Et il est motivé par une vision très personnelle du devenir de l’intelligence artificielle, qui doit être dotée de sentiments, d'une sensibilité, afin de rendre le monde meilleur. "L’Intelligence artificielle ne doit pas seulement être ultra-intelligente, car il y aura un risque qu’elle se transforme en arme effrayante, explique-t-il. Il faut une 'ultra-sensibilité artificielle'.  Et si cela évolue jusqu’à ce stade, la révolution de l’information fera le bonheur de l’humanité, je pense même réellement que ce doit être le but. Cela sera réalité dans la décennie à venir."

Un admirateur et allié de Donald Trump

On aurait tort de penser que cet engagement de Masayoshi Son signe le retour en force du Japon à la pointe de la technologie et de l’IA. Même s’il est japonais, cet homme d'affaires ne prétend pas œuvrer pour son pays qui, selon lui, manque d’ambitions et de moyens. "Beaucoup ici disent : 'Concevons une IA japonaise, une IA maison, soyons créatifs'. Mais cela consiste en fait à réduire les spécifications, faire plus petit, pour avoir des résultats ressemblants, dénonce-t-il. La créativité est un prétexte. La réalité, c’est qu’on fait petit parce qu’on n’a pas de quoi acheter les circuits intégrés, pas l’électricité requise, pas le budget."

En 2016 déjà, Masayoshi Son voyait en Donald Trump un allié, et son allégeance au président réélu n’a fait que redoubler : "C’est le début de l’âge or, nous n’aurions pas décidé cela sans votre victoire", lance-t-il. Mais gare à ne pas trop marcher sur les plates-bandes d’un certain Elon Musk, qui s’est empressé de plomber le Japonais en affirmant, sur son réseau social X, que "Softbank n’avait pas l’argent" qu’il prétendait pouvoir investir.