En Irak, les travaux débutent pour exhumer un immense charnier du groupe Etat islamique

Les autorités irakiennes ont entamé les premiers travaux d'exhumation d'une fosse commune dans le nord de l'Irak, a annoncé un responsable à l'AFP, dimanche 17 août. Ce charnier abandonné par le groupe jihadiste Etat islamique pourrait renfermer plusieurs milliers de victimes. Cette "première phase" entamée le 10 août comprend des excavations "aux alentours de la faille naturelle de Khasfa", a précisé Ahmed al-Assadi, directeur des équipes chargées d'exhumer les charniers. Sous le sable, ses experts ont découvert des crânes humains, a constaté dimanche un correspondant de l'AFP sur ce site près de Mossoul. Les restes humains sont matérialisés à l'aide de ruban rouge.

La métropole du nord de l'Irak étaient l'ancienne place forte des jihadistes, qui avaient enchaîné les exactions après leur percée en 2014, jusqu'à leur mise en déroute dans le pays fin 2017. Le site du puits naturel de Khasfa, profond d'environ 150 mètres et d'un diamètre de 110 mètres, avait été le théâtre en 2016 d'"un des pires massacres" commis par les jihadistes qui ont exécuté en un seul jour 280 personnes, la plupart des agents du ministère de l'Intérieur, selon les autorités locales.

Plusieurs milliers de victimes sur le site

"Il n'y a pas d'estimations précises du nombre de victimes" dans ce charnier, a précisé Ahmed al-Assadi. Des chiffres officiels précédemment évoqués allaient de 4 000 jusqu'à 15 000 personnes – un rapport de l'ONU datant de 2018 assurant qu'il pourrait être le plus grand du pays. Le charnier renferme "des militaires exécutés par le groupe EI", des membres de la minorité yazidie et des habitants de Mossoul, a précisé le responsable. Ahmed al-Assadi a souligné la difficulté d'accéder à ce charnier car des eaux sulfureuses coulent dans les sous-sols et rendent la terre très poreuse.

Sur le site d'un charnier de victimes du groupe Etat islamique près de Mossoul (Irak), le 17 août 2025. (ZAID AL-OBEIDI / AFP)
Sur le site d'un charnier de victimes du groupe Etat islamique près de Mossoul (Irak), le 17 août 2025. (ZAID AL-OBEIDI / AFP)

Cette eau peut avoir rongé les squelettes et complique aussi pour les médecins-légistes le prélèvement d'échantillons ADN, cruciaux pour l'identification des restes humains. Après une montée en puissance fulgurante, le groupe Etat islamique avait été confronté à des offensives successives en Irak et en Syrie voisine, jusqu'à perdre tout contrôle territorial dans ces deux pays. Il a laissé derrière lui en Irak plus de 200 charniers qui pourraient renfermer jusqu'à 12 000 corps, selon l'ONU.

Outre ces fosses communes des jihadistes, l'Irak continue aujourd'hui encore à mettre au jour des charniers datant du régime de Saddam Hussein, renversé par l'invasion américaine de 2003.