Une collection de trésors royaux perdus depuis la Seconde guerre mondiale refait surface en Lituanie

Ils étaient cachés là, depuis près d’un siècle, sous les escaliers de la cathédrale de Vilnius. Les archéologues ont récemment fait la surprenante découverte de rares vestiges de « l’âge d’or » lituanien. Des couronnes, bagues et médaillons de figures royales du XVIe siècle étaient portés disparus depuis 1939 et le début de la Seconde guerre mondiale, ont annoncé les chercheurs lors d’une conférence de presse le 6 janvier. Après des années d’études pour tenter de les localiser, ils y sont enfin parvenus en décembre et prévoient désormais de les restaurer pour les exposer au public en 2025.

Une exposition au public des joyaux royaux est prévue en 2025. Archidiocèse de Vilnius/Aistė Karpytė

Ces artefacts d’exception, les archéologues les nomment « regalia funéraires royaux ». Cette appellation permet de désigner les insignes spécifiquement conçus pour accompagner les souverains ou souveraines dans leur sépulture. Ici, la découverte fait état de plusieurs couronnes, bagues et chaînes, mais également d’un sceptre et d’un globe. Une quantité de trésors associés à trois personnages clés de la souveraineté lituanienne, dont l’identité a été confirmée par des plaques funéraires retrouvées à proximité.

Ces artefacts d’exception sont des « regalia funéraires royaux », des insignes spécifiquement conçus pour accompagner les souverains ou souveraines dans leur sépulture. Archidiocèse de Vilnius/Aistė Karpytė

Période de prospérité culturelle

On sait alors qu’Alexandre Ier Jagellon, grand-duc de Lituanie et roi de Pologne, Élisabeth d’Autriche et Barbara Radziwill, deux des épouses de Sigismond II Auguste, également grand-duc de Lituanie et roi de Pologne, en ont été les heureux propriétaires. Ces trois personnalités ont fait la gloire de la Renaissance polonaise, à l’époque unifiée avec la Lituanie dans la République des Deux-Nations (1569-1795). Les deux pays vivaient alors une période de prospérité culturelle, politique et scientifique que beaucoup d’historiens qualifient comme leur « âge d’or »

« Les insignes funéraires des monarques de Lituanie et de Pologne sont des trésors historiques inestimables »

Gintaras Grusas, archevêque de Vilnius

Ces artefacts sont un miracle tombé du ciel pour l’archevêque de Vilnius, Gintaras Grusas. « Les insignes funéraires des monarques de Lituanie et de Pologne sont des trésors historiques inestimables, s’est-il réjoui lors de la conférence de presse. [Ce sont] des exemples remarquables d’orfèvrerie et de joaillerie. » 

Parmi les trésors figure une chaîne en or. Archidiocèse de Vilnius/Aistė Karpytė

« Protéger l’héritage national »

Le principal mystère reste toutefois de savoir pourquoi des objets d’une si grande valeur ont été cachés sous l’escalier d’une cathédrale. Grâce à un journal daté de septembre 1939 et qui recouvrait les trésors, les archéologues ont pu démontrer que les autorités locales les avaient cachés au début de la Seconde guerre mondiale, au moment de l’invasion allemande de la Pologne le 1er septembre. Vilnius, alors polonaise, avait été occupée dès le 28 du mois par l’Armée rouge de Staline, puis intégrée à l’URSS dès 1940. 

C’est pourquoi, selon les chercheurs, les trésors ont été dissimulés, afin d’éviter pillages, destructions ou utilisations à des fins de propagande par les Soviétiques. Un acte « héroïque », affirme auprès de LiveScience Mykolas Sotincenka, coordinateur des communications de l’archidiocèse de Vilnius. Car pour un pays comme la Lituanie, qui possède aujourd’hui que très peu de vestiges de son « âge d’or », il est ô combien important de « protéger l’héritage national ».