Édito. Avec le débat sur l'Ukraine à l'Assemblée nationale, les relais politiques de Donald Trump et de Vladimir Poutine vont devoir se dévoiler

La situation en Ukraine et la sécurité de l'Europe occupent, lundi 3 mars, le débat à l'Assemblée nationale. Ce rendez-vous, annoncé il y a une dizaine de jours après la réunion d'Emmanuel Macron avec les chefs de partis, intervient dans un contexte de tensions croissantes. L’humiliation publique infligée par Donald Trump au président Volodymyr Zelensky a provoqué un électrochoc en Europe. Et le renversement d’alliances en cours justifie que le gouvernement détaille cet après-midi la position de la France devant les députés en insistant sur trois axes : un soutien accru à Kiev, un effort de réarmement massif pour assurer la défense de la France et de l’Europe de façon autonome, sans compter sur le parapluie américain que Donald Trump est en train de replier. Et l’ouverture d’une discussion sur un éventuel élargissement de la dissuasion nucléaire franco-britannique aux alliés européens qui seraient demandeurs.

Donald Trump et Vladimir Poutine ont, au sein de l’Assemblée, des relais politiques qui vont d’ailleurs devoir se dévoiler aujourd’hui. Prudemment bien sûr. Au vu du fossé qui se creuse entre les deux rives de l’Atlantique, il est risqué de donner l’impression de ne pas choisir son camp. Voire de jouer contre le sien et de passer pour un patriote en carton. Jordan Bardella a fait les frais de cette gymnastique il y a dix jours quand il a choisi de sécher la réunion de l’Élysée pour participer à une grande messe trumpiste à Washington. Ça ne lui avait pas réussi : choqué par le salut nazi effectué par Steeve Bannon, le président du Rassemblement national était rentré penaud à Paris sous les insultes du sulfureux idéologue trumpiste. 

Un "camp de la paix" contre la défense européenne autonome

Le Rassemblement national va manifester son opposition en se peignant en porte-parole du "camp de la paix" face aux bellicistes qui ne seraient non pas à Moscou, mais à Bruxelles. C’est ainsi que le Rassemblement national d’un côté, la France insoumise de l’autre, batailleront lundi dans l’hémicycle contre toute perspective de constitution d’une vraie défense européenne autonome.
Marine Le Pen a commencé ce week-end en empilant les commentaires lénifiants : "Le chemin de la paix est un chemin difficile…", "La guerre crée des souffrances terribles…". Le tout pour mieux accabler l’Europe qui a été "giflée" par Donald Trump et "n’a plus aucune influence", dit-elle, mais qui ne doit surtout pas se renforcer militairement. Un air connu. La paix tout de suite. À n’importe quel prix. Sans garanties de sécurité pour l’agressé et en disculpant l’agresseur. Le rapprochement Donald Trump-Vladimir Poutine est sans doute un tournant historique. Ses conséquences sur le débat politique en France ont, elles, comme un air de déjà-vu dans l’Histoire.