Top 14 : «On est des équilibristes…», pour Damien Dussault, les agents ne sont pas (encore) reconnus à leur juste valeur

Si le rugby est en train d’évoluer sur le plan économique, une énorme marche le sépare encore du football. En effet, Damien Dussault, agent de plusieurs joueurs de rugby qui évolue en Top 14 ou en Pro D2, partage un avis assez tranché à ce sujet. «Le rugby n’est pas encore un sport aussi mondialisé que le football, ce qui complique notre travail…»

Pour appuyer ses propos, il prend notamment l’exemple du suivi d’un joueur quelconque qui évolue encore chez les Espoirs, et tente de faire un lien entre les deux sports : «Au football, il y a Wyscout, c’est une application où l’on peut voir les performances de tous les footballeurs, même jeunes… Des applications comme celles-ci, ça n’existe pas au rugby, c’est donc plus compliqué et plus long de faire un C.V d’un jeune joueur pour le conseiller à certains clubs».

« En France, les agents sont payés par les clubs, ce qui fait qu’un joueur n’a aucun engagement direct avec son agent, il peut changer quand il le souhaite. »

Damien Dussault
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Alors qu’il continue à s’exprimer, Damien Dussault met le doigt sur certains points importants qu’il aimerait bien voir évoluer. Dans un premier temps, il explique que la situation des agents dans le rugby reste encore un peu précaire : «En France, les agents sont payés par les clubs, ce qui fait qu’un joueur n’a aucun engagement direct avec son agent, il peut changer quand il le souhaite.»

Il aimerait donc que les choses évoluent. «On est des équilibristes, même si chaque fédération de chaque pays gère les agents de joueurs comme elle le souhaite, signer des contrats publics avec les joueurs, comme c’est le cas au foot, changerait beaucoup de choses. Cela nous apporterait une sécurité supplémentaire. Et ça forcerait les joueurs à créer des relations de confiance avec nous, les agents.»

S’il a un avis tranché, Damien Dussault reconnaît tout de même que beaucoup de progrès ont été effectués dans l’intérêt des agents ces derniers temps. «Aujourd’hui, on est dans un système qui n’est pas parfait, mais qui avance, il y a beaucoup de points positifs.»

« Il doit être à l’écoute, être un bon commercial, et surtout avoir une connaissance juridique parfaite. Il doit mettre en valeur son joueur de la meilleure des manières. »

Loïs Guérois, pilier du CO

Du côté des joueurs, le point de vue est un peu différent. Loïs Guérois, actuellement joueur du Castres Olympique, a signé son premier contrat professionnel sans l’aide de personne. Il nous donne son point de vue. «J’ai signé mon premier contrat professionnel avec Castres alors que je n’avais que 20 ans. À ce moment-là, je n’étais pas suivi et cela ne me dérangeait pas, le CO n’est pas le type de club à mettre des petites lignes dans les contrats.»

Avec le temps, il admet tout de même que le fait d’être suivi l’a bien aidé. «Avoir un agent m’a quand même permis d’obtenir un contrat que je n’aurais jamais obtenu tout seul, il faut aussi le reconnaître». Il insiste tout de même sur les qualités requises pour un agent. «Il doit être à l’écoute, être un bon commercial, et surtout avoir une connaissance juridique parfaite. Il doit mettre en valeur son joueur de la meilleure des manières.»

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À son arrivée à Castres en provenance d’Auch, le pilier du CO était le seul joueur de l’effectif à ne pas avoir d’agent à ses côtés, un choix personnel, qu’il ne regrette absolument pas. «J’ai tout de suite été très à l’aise à Castres, je n’avais besoin de personne pour prendre ma décision, le contrat était très clair, je m’engageais pour deux ans, je savais ce que ça représentait. S’il fallait revenir en arrière, je ne changerais rien.»

Il enchaîne en évoquant son futur rôle auprès des jeunes : «Si jamais un jeune joueur vient me voir en me disant qu’il veut signer à Castres, je lui dirais de faire confiance au club. Par contre, si jamais il a besoin d’un agent, bien sûr que je vais l’aider.»