Sophie Binet a demandé à Sébastien Lecornu «l’abrogation de la réforme des retraites»

La CGT a déposé son cahier de doléances à Matignon. Sa secrétaire générale, Sophie Binet, a accusé lundi Sébastien Lecornu de parler de rupture sans poser, à ce stade «aucun acte de rupture», à l’issue d’un entretien avec le premier ministre. «J’ai dit au premier ministre que s’il ne voulait pas rejoindre le cimetière des premiers ministres qui débordent, il fallait qu’il affiche et qu’il prenne des actes de rupture forts et immédiats. La première rupture est l’abrogation de la réforme des retraites , cette blessure démocratique et sociale», a-t-elle affirmé.

Mais elle a expliqué à la presse avoir «senti que le premier ministre n’était absolument pas déterminé à agir» sur la suppression de l’âge de départ à 64 ans. «S’il n’y a pas d’abrogation de cette réforme des retraites, son gouvernement, comme les précédents, tombera», a-t-elle prévenu.

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La numéro un de la centrale syndicale de Montreuil a rappelé qu’il s’agit de la «cinquième fois en deux ans que la CGT vient [à Matignon] pour porter les exigences sociales des travailleurs et des travailleuses». Elle a remis à Sébastien Lecornu la liste des plans de licenciement pour témoigner de la «de la dégradation de la situation sociale». «Il y en a plus de 450, ça a été multiplié par trois depuis Gabriel Attal. C’est une situation catastrophique qui exige des réponses immédiates», a affirmé Sophie Binet.

«Il n’a renoncé à rien»

Pour la secrétaire générale de la CGT, «ce rendez-vous confirme plus que jamais la nécessité de se mobiliser le 18 [septembre] puisque le premier ministre, à ce stade, parle de rupture dans ses discours, mais ne pose aucun acte de rupture, notamment vis-à-vis de l’Élysée», a-t-elle dénoncé. «À part les deux jours fériés, il n’a renoncé à rien dans le musée des horreurs qu’Emmanuel Macron avait prévu dans son projet de budget», a-t-elle ajouté.

Sébastien Lecornu a annoncé samedi le retrait de la proposition de son prédécesseur de supprimer deux jours fériés et sa volonté de miser sur «le dialogue avec les partenaires sociaux» pour trouver «d’autres sources de financement» pour le budget. «Il ne m’a donné aucune garantie qu’il n’y ait pas de nouvelle réforme de l’assurance chômage», a également déploré Sophie Binet, citant entre autres, la suppression des 3000 postes de fonctionnaires et l’augmentation des franchises médicales comme points sur lesquels des ruptures sont attendues.

Ces entretiens se déroulent sous la pression de la journée de mobilisation syndicale prévue jeudi, lors de laquelle les syndicats espèrent dépasser la mobilisation de près de 200.000 personnes du 10 septembre, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Après la CFDT et le Medef vendredi et la CGT lundi matin, Sébastien Lecornu doit poursuivre ses entretiens avec les partenaires sociaux en recevant la CFTC et la CFE-CGC lundi après-midi, puis les deux organisations patronales CPME et U2P, respectivement lundi à 17h et mardi à 11h. Le chef de file de FO, Frédéric Souillot, a pour sa part accepté de rencontrer Sébastien Lecornu mais après le 18 septembre.