«Les nazis ont été mieux traités» : une juge américaine critique les expulsions des Vénézuéliens par Donald Trump

Depuis février, environ 1119 Vénézuéliens ont été renvoyés dans leur pays dont au moins 566 expulsés par l’administration Trump, et le reste rapatrié par le gouvernement vénézuélien depuis le Mexique, où ils étaient bloqués en route vers les États-Unis. Il s’agit du quatrième vol acheminant des Vénézuéliens expulsés des États-Unis, les deux premiers étant partis d’El Paso, au Texas, le 10 février, suivis d’un autre avec 177 migrants détenus à la prison de Guantánamo à Cuba puis rapatriés via le Honduras.

Pour mener à bien ces expulsions, Washington a invoqué une loi de 1798 autorisant l’expulsion sans procès des «ennemis étrangers», ce que Caracas qualifie d’«anachronique» et a été jugé également «hautement problématique» par un juge américain. Avant que l’administration Trump n’invoque l’«Alien and Sedition Acts», cette loi n’avait été utilisée que trois fois dans l’histoire des États-Unis, la dernière fois pour interner et expulser des immigrants japonais, allemands et italiens pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette loi autorise le président à expulser tout étranger considéré comme un «danger» pour la «sécurité des États-Unis» et permet leur arrestation et leur emprisonnement en temps de guerre.

Ce lundi, la cour d’appel américaine étudiait une demande de l’administration Trump pour annuler le délai de deux semaines requises pour procéder à l’expulsion. Au cours d’une audience, la juge Patricia Millett, nommée par l’ex-président Barack Obama, a interrogé l’avocat du gouvernement, Drew Ensign. Elle lui a demandé si les Vénézuéliens expulsés avaient eu le temps de contester l’affirmation selon laquelle ils étaient membres du gang Tren de Aragua avant d’être mis dans des vols d’expulsion et expulsés.

«Nous contestons cette analogie»

«Les nazis ont bénéficié d’un meilleur traitement en vertu de cette loi que ce qui se passe en ce moment», a lancé Patricia Millett, ce à quoi Drew Ensign a répondu : «Nous contestons cette analogie». Les membres des familles de nombreux migrants vénézuéliens expulsés nient les liens présumés avec des gangs. Ces vols d’expulsion en provenance des États-Unis avaient été suspendus il y a un mois, les deux gouvernements s’accusant mutuellement de boycotter un accord conclu en janvier.

Le Venezuela et les États-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019, lors de la première administration Trump qui a imposé un embargo pétrolier après avoir jugé illégitime la première réélection de Nicolas Maduro en mai 2018. Washington n’a pas reconnu non plus la réélection du dirigeant vénézuélien à la suite du scrutin de 2024.

Concernant les ressortissants vénézuéliens transférés au Salvador le 16 mars, les États-Unis les accusent d’appartenir au gang Tren de Aragua classé comme une organisation terroriste par le président Trump. Caracas dénonce une campagne de criminalisation des migrants.