Le Conseil d'État veut contrôler le pluralisme de l'information chez Cnews : "On ne peut pas avoir une chaîne d'opinion", résume le président de l'Arcom

"On ne peut pas, dans le cadre juridique en vigueur en France, avoir une chaîne d'opinion, ni en radio, ni en télévision", résume le président de l'Arcom Roch-Olivier Maistre sur France Inter mercredi 27 mars. "On ne peut pas avoir un média qui ne développe qu'un courant de pensée", poursuit-il alors que le Conseil d'État a demandé au régulateur des médias de renforcer son contrôle sur la chaîne d'information CNews après un recours de l'ONG Reporters sans frontières.

Il y a un an, Roch-Olivier Maistre avait estimé que CNews "respect(ait) strictement le pluralisme politique" de façon globale, tout en reconnaissant qu'elle "se rapprochait d'une chaîne d'opinion" à la manière de la télé conservatrice américaine Fox News. C'est ce que dénonce RSF. La plus haute juridiction administrative a donc "enjoint à l'Arcom de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d'indépendance de l'information". Une "décision historique du Conseil d'État" pour "la démocratie et le journalisme", a salué l'ONG.

Il n'est pas question de ficher ou d'étiqueter mais d'apprécier

Le 13 février dernier, l'Arcom a annoncé qu'elle pouvait désormais "prendre en compte les interventions des chroniqueurs et des animateurs" pour "apprécier le respect par un éditeur du pluralisme des courants de pensées et d’opinions". "Il n'est pas question de rentrer dans un catalogage, dans un fichage, dans un étiquetage de tous les intervenants sur les plateaux de télévision ou sur les antennes de radio", se défend Roch-Olivier Maistre.

Au delà du décompte habituel effectué pour les personnalités qui ont un mandat politique ou qui sont encartées, "la jurisprudence du Conseil d'État laisse au régulateur un certain pouvoir d'appréciation de personnalités qui sont sorties de la vie politique au sens où ils n'ont plus de mandat politique ou qu'ils ne sont plus encartés, mais qui néanmoins restent des acteurs politiques", détaille le président de l'Arcom. Il cite l'exemple de Philippe de Villiers qui, avant de rejoindre Reconquête! fin 2021, n'était "plus membre d'un parti politique", mais était "présent dans les médias", notamment avec des "tribunes considérées comme des tribunes de nature politique".

L'Arcom, qui se défend de ficher les intervenants des plateaux et des studios, va s'appuyer sur un "faisceau d'indices" dans la durée, explique son président. Selon Roch-Olivier Maistre, le régulateur devra répondre aux questions suivantes : "Quelles sont les thématiques traitées ? Est-ce que c'est traité par une pluralité d'intervenants ? Quel sens d'expression est pris sur telle ou telle thématique dans la durée ? Y a-t-il un déséquilibre manifeste et durable ou pas ?"

Le président de l'Arcom rappelle que le principe de base de la "liberté éditoriale des médias" prime. "Un éditeur est tout à fait libre de choisir les thèmes qu'il veut traiter et la façon dont il les traite, il est libre de choisir les intervenants qu'il veut inviter sur ses plateaux", assure-t-il.