Aryna Sabalenka : «Il n’y a rien de bienveillant dans la collaboration entraîneur-joueuse dans les pays de l’Est»

Quel sentiment vous anime après cette belle entrée en matière face à Kamilla Rakhimova (6-1, 6-0) ?
Aryna Sabalenka : Je suis ravie de cette victoire aujourd’hui, et du niveau que j’ai pu déployer. C’était fantastique de jouer sur ce court. Je me réjouis de rejouer à nouveau dans cette enceinte.

Il y a toujours des juges de ligne à Roland Garros, même si les autres tournois en terre battue utilisent l’arbitrage vidéo. Qu’en pensez-vous ?
Honnêtement, je ne sais que dire. J’ai eu des situations délicates à Stuttgart, et aussi à Rome avec le hawk-eye. Donc difficile pour moi de vous dire ce que je préfère. Il y a la vieille école qui préfère les juges de ligne, qui préfère en appeler, solliciter les juges, pour qu’ils prennent une décision. Et puis il y a les amateurs de nouvelle technologie. Je n’ai pas une opinion tranchée en la matière.

Votre fin de saison dernière avait été difficile en raison de vos soucis à une épaule. Est-ce que cela vous donne une motivation supplémentaire pour aller encore plus loin cette année ?
Oui, en général cela me motive pour jouer encore mieux. J’essaie de tourner la page par rapport à l’année dernière, continuer à aller de l’avant, me concentrer sur ce qu’il se passe sur le court et déployer mon meilleur tennis. J’espère que j’irai plus loin que l’année dernière.

À quel point Rafael Nadal a-t-il été une source d’inspiration pour vous ? Vous réjouissez-vous de pouvoir assister à l’hommage qui lui sera rendu ce dimanche en fin d’après-midi ?
C’est une source d’inspiration pour tellement d’enfants. C’était une inspiration pour moi parce qu’il a travaillé si dur pour y parvenir. Il a travaillé d’arrache-pied pour accomplir tous ces exploits. Et en dehors du court, il a toujours été humble, gentil. Je me réjouis de cette cérémonie ce soir.

Faites-vous partie des joueuses qui regardent avec attention l’ensemble de leur tableau...
Non. Si vous devez me dire quelque chose, ne le faites pas ! Abstenez-vous ! Non, je plaisante... (rires) Je ne regarde jamais le tableau, ou en tout cas, loin dans le tableau.

Comment gérez-vous la pression d’être numéro 1 mondiale ?
Honnêtement, je n’y songe pas. Bien sûr, cela a toujours été mon objectif d’atteindre cette place de n°1. Mais à ce moment dans ma carrière, peu importe, finalement. Il faut se concentrer sur soi-même, sur son jeu, s’améliorer chaque jour. Peu importe si vous êtes n°1, 2 ou 10, il faut aller sur le court, se battre et déployer son meilleur tennis. Je n’ai pas plus de pression ou d’attente que quand j’étais n° 2 ou n° 10, pour tout vous dire.

La Fédération française de tennis, qui possède des moyens importants, n’a qu’une joueuse dans le Top 100. L’Italie, elle, n’a que Jasmine Paolini comme membre du Top 50. Est-ce que vous pensez que c’est parce que ces pays sont tellement riches, d’une certaine manière, que leur style de vie est aussi élevé, que les joueuses de tennis ne souhaitent pas déployer autant d’efforts pour percer ? 
La question est vaste. Probablement à cause de l’environnement dans les pays de l’ancien bloc de l’Est, la vie y est plus rude. Mais peu importe la dureté de la vie, mentalement, physiquement, elles sont peut-être plus fortes que d’autres femmes sur le circuit. Il s’agit peut-être aussi d’une question de formation. En règle générale, les coachs sont plus brutaux. Il n’y a rien de bienveillant dans la collaboration entre l’entraîneur et sa joueuse dans les pays de l’Est. C’est la raison pour laquelle, peut-être, elles sont plus fortes. Mais il y a aussi tellement de joueuses. Il faut s’armer d’un état d’esprit plus agressif. Dans certains pays, l’environnement est plus équilibré, plus sain, notamment en termes d’éducation. Moi, ma famille me poussait trop. À un moment, j’avais envie d’arrêter de jouer. L’école d’Europe de l’Est est certainement plus rude. C’est la raison pour laquelle celles qui survivent sont vraiment des dures à cuire.