Dieselgate : quatre anciens dirigeants de Volkswagen condamnés en Allemagne à des peines de prison

En Allemagne, la justice a condamné lundi 26 mai quatre anciens dirigeants du constructeur automobile Volkswagen à des peines allant jusqu'à quatre années et demie de prison, dix ans après les révélations du "Dieselgate". L'affaire a éclaté en 2015 quand le constructeur automobile a reconnu avoir triché pour fausser les résultats des tests antipollution.

Les prévenus ont donc été reconnus coupables de fraude en bande organisée dans cette affaire qui a largement entaché la réputation de Volkswagen. La peine la plus lourde, de quatre ans et demi de prison, a été prononcée à l'encontre du responsable du développement des moteurs diesel. Un autre a écopé de deux ans et sept mois ferme. Les deux derniers prévenus ont écopé de peines avec sursis.

Quatre ans de procès

Ce procès s'est étalé sur quatre années, avec 174 jours d'audience, 150 témoins et un acte d'accusation de 400 pages. Au cours des débats, les anciens dirigeants - qui se sont présentés comme des boucs émissaires - se sont renvoyé la faute, mais pour le tribunal, leur responsabilité ne fait pas de doute. La justice allemande juge qu'ils ont participé à la fraude, ont manipulé le logiciel qui a permis de falsifier les tests antipollution et de les rendre conformes aux normes. En réalité, les moteurs diesel émettaient jusqu'à 40 fois la quantité autorisée de dioxyde d'azote. En 2015, Volkswagen a reconnu avoir truqué 11 millions de véhicules. La tricherie aura duré six longues années.

Cette tricherie a de très lourdes conséquences pour Volkswagen. Ce scandale a plongé le groupe dans la plus grave crise de son histoire. Outre l'énorme préjudice d'image qu'elle a subi, l'entreprise a dû indemniser 250 000 clients qui avaient acheté des véhicules diesel. L'affaire a déjà coûté 33 milliards d'euros à Volkswagen et elle n'est pas terminée. Des actionnaires demandent réparation alors que le titre de Volkswagen s'était effondré de 40% après la découverte du scandale.

Le dossier n'est pas clos

Le volet judiciaire du Dieselgate n'est par ailleurs pas encore refermé. Les débats se sont déroulés sans le principal protagoniste, l'ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn. L'homme de 78 ans souffre de problèmes de santé et son procès a dû être suspendu. Quatre autres procédures sont aussi en cours, contre des ingénieurs ou encore des cadres. Elles visent au total 31 ex-salariés de Volkswagen, premier constructeur automobile européen.

Jusqu'à aujourd'hui, un seul homme avait été condamné : Rupert Stadler, l'ancien patron de Audi, l'une des dix marques du groupe Volkswagen. Il a été reconnu coupable de fraude et a écopé de 21 mois de prison avec sursis et d'une amende de 1,1 million d'euros pour fraude. La défense a fait appel.