«Les deux régimes devraient être condamnés» : Jafar Panahi, palme d’or 2025, dénonce la guerre Israël-Iran

Jafar Panahi a subi bien des difficultés de la part du pouvoir iranien, aussi peu cinéphile que démocrate. Ce réalisateur reconnu, qui a remporté la palme d’or au festival de Cannes en mai, pour Un simple accident, a été plusieurs fois jeté en prison et empêché pendant des années de quitter la République islamique. Témoin indigné de la guerre Israël-Iran, il a laissé éclater sa colère sur les réseaux sociaux, mardi 17 juin.

« J’ai explicitement déclaré ma position et je le répète : une attaque contre ma patrie, l’Iran, n’est en aucune façon acceptable. Israël a violé l’Iran et devrait être jugé dans un procès international en tant qu’agresseur de guerre », commence dans un long texte l’artiste de 64 ans, également lauréat d’un Ours d’or à Berlin en 2015, pour Taxi Téhéran. Une récompense que sa nièce avait dû aller récupérer pour lui.

Une « dissolution » du régime

« Cette position n’implique toutefois pas d’ignorer quatre décennies de mauvaise gestion, de corruption, d’oppression, de tyrannie et d’incompétence de la République islamique. Ce gouvernement n’a ni le pouvoir, ni la volonté ni la légitimité nécessaires pour diriger le pays ou gérer les crises. Rester dans ce régime signifie la chute continue, la poursuite de la répression (...) », complète Panahi, qui a tourné ses films dans la clandestinité. Il a passé sept mois derrière les barreaux en 2022 et 2023, pour avoir manifesté contre l’incarcération de son ami, le cinéaste Mohammad Rasoulof.

« La seule façon d’y échapper est la dissolution immédiate de ce système et la mise en place d’un gouvernement populaire, réactif et démocratique », poursuit le réalisateur, qui « exige la fin immédiate de la guerre dévastatrice entre la République islamique et le régime israélien ». Un conflit, rappelle-t-il, dont les civils paient le prix fort. À ce jour, l’offensive Rising Lion a fait plus de 400 morts et des centaines de blessés en Iran. En Israël, au moins 24 morts ont été recensées par les autorités.

« Les deux régimes devraient être condamnés ouvertement pour leur persistance de la violence, de la guerre et de l’indifférence absolue à la dignité humaine », conclut Jafar Panahi, qui exhorte l’ONU et la communauté internationale à agir.

Alors que Donald Trump exige une capitulation de Téhéran, Israël et l’Iran se sont ciblés tôt ce mercredi 18 juin, pour la sixième nuit consécutive. Les forces israéliennes ont déclenché temporairement une alerte aérienne après avoir détecté des projectiles en vol. La majorité des dix missiles balistiques auraient été interceptés.