Colonialisme : 200 ans après, la France face à la dette odieuse d’Haïti

Juillet 1825 : près des côtes du tout jeune État d’Haïti, la première République noire libre de l’histoire, des navires s’approchent. Quatorze bateaux de guerre battant pavillon français et hérissés de 528 canons. À leur bord, le baron de Mackau, qui vient apporter au président haïtien, Jean-Pierre Boyer, les termes d’une ordonnance royale signée le 17 avril 1825, il y a deux cents ans jour pour jour ; et vingt et un ans après l’indépendance de « la perle des Antilles » – colonie la plus lucrative au monde – une émancipation que la France n’a jamais acceptée malgré la défaite cuisante du corps expéditionnaire napoléonien à Vertières.

Les termes de cette ordonnance royale de Charles X n’ont d’autre objectif que de rançonner l’ancienne colonie. Trois articles pour exiger, sous la pression des canons et la menace d’une nouvelle invasion, l’accès privilégié aux ports de commerce haïtiens avec une réduction de moitié des droits de douane pour les navires français, selon l’article 1er.

Le second exige le paiement de la « somme de cent cinquante millions de francs or, destinée à dédommager les anciens colons qui réclament une indemnité », en cinq annuités. Le troisième article « concède » à accorder « à ces conditions »...