«Nous sommes sur la Lune !» L’entreprise américaine Firefly Aeropsace est devenue dimanche la deuxième entreprise privée à réussir à se poser en douceur sur notre satellite. Son alunisseur Blue Ghost, dont c’était la première mission, a touché le sol à 9h34 sur la face nord-est de la Lune, 45 jours après son lancement. Le robot compact et doré de 2 mètres de haut et de 3,5 mètres de large (la taille d’un hippopotame) s’est posé de manière «stable et verticale», s’est félicité le patron de Firefly Aerospace, Jason Kim.
En février 2024, il y a un peu plus d’un an, c’est le vaisseau Odysseus d’Intuitive Machines qui était devenu le premier engin privé à alunir, à peu près en douceur. Un de ses pieds s’était en effet brisé au sol, mettant le robot dans une position acrobatique qui avait perturbé ses opérations. Rien de tel cette fois-ci pour son concurrent. «Nous avons effectué deux manœuvres d’évitement des dangers lors de l’alunissage, ce qui montre que notre logiciel a fonctionné exactement comme il le fallait», a déclaré aux journalistes la responsable du programme Blue Ghost, Ray Allensworth, soulignant aussi la précision du processus, le robot s’étant posé à moins de 100 mètres de sa cible.
Les manœuvres d’alunissage présentent des défis uniques en raison de l’absence d’atmosphère, qui rend les parachutes inopérants, et contraint les engins spatiaux à s’appuyer sur des poussées contrôlées avec précision pour ralentir leur descente. Jusqu’alors, cette manœuvre périlleuse n’a été réussie que par une poignée de pays, à commencer par l’Union soviétique en 1966. Les États-Unis, et plus récemment la Chine, l’Inde et le Japon, ont rejoint ce club fermé. De nombreuses entreprises privées, bénéficiant notamment de financement de la Nasa, qui souhaite ainsi réduire le coût du fret lunaire dans le cadre de son programme Artemis, se sont également lancées dans l’aventure, avec plus ou moins de réussite. Plusieurs crashes ou tentatives ratées ont ainsi été enregistrés l’année dernière, qui marquait le début de cette nouvelle ère de la conquête lunaire.
Avec Blue Ghost, les scientifiques espèrent étudier la poussière lunaire ou encore la «caractérisation de la structure et des propriétés thermiques de l’intérieur de la Lune», avait expliqué une responsable de la Nasa en amont de son lancement. Le robot, qui doit fonctionner pendant 14 jours terrestres, devrait notamment immortaliser au cours de son séjour un crépuscule ainsi qu’une éclipse totale lunaire, un événement survenant quand l’astre passe dans l’ombre de la Terre. Autant de missions qui restent néanmoins anecdotiques. Le but premier était bien de montrer la capacité de leur engin à se poser pour apporter éventuellement dans le futur du matériel ou des instruments aux futurs astronautes éventuels.
Incertitudes
Preuve de la vitalité de ce secteur, tout du moins pour l’instant (on ne sait pas comment l’élection de Trump et la présence d’Elon Musk dans son entourage pourraient affecter le programme Artemis), la fusée Falcon 9 de SpaceX qui a emporté Blue Ghost mi-janvier transportait également un autre alunisseur privé, Résilience, de la société japonaise ispace, qui doit arriver sur la Lune au printemps via une trajectoire d’approche plus complexe.
Entretemps, c’est l’entreprise Intuitive Machines qui va tenter de se poser à nouveau jeudi prochain. Son nouvel engin, Athéna, a décollé fin février seulement, mais a effectué un voyage bien plus direct que ses concurrents. Il se rend en outre lui au pôle Sud, la région la plus convoitée par les agences spatiales, car on y trouvera probablement de la glace d’eau exploitable pour les astronautes. À condition bien sûr que le programme Artemis ne soit pas abandonné, Donald Trump ayant exprimé sa volonté de se rendre sur Mars, vraisemblablement sur les conseils d’Elon Musk qui ne voit que peu d’intérêt à retourner sur la Lune.
Ce n’est de toute évidence pas le cas de Buzz Aldrin, vétéran de la conquête spatiale. L’astronaute de la mission Apollo 11 âgé de 95 ans, s’est joint à la célébration depuis son domicile, en affichant ses félicitations sur X, accompagnées d’une vidéo de lui en pyjama, rayonnant et levant le pouce lors de la retransmission en ligne.