Il est des personnages que l’on ne rencontre véritablement qu’en acceptant de se perdre soi-même. Mikhaïl Rudy est de ceux-là. À 71 ans, le pianiste originaire de Donetsk peut bien être installé à Paris depuis près d’un demi-siècle, il serait de son propre aveu capable de se perdre dans son propre quartier. «Je n’ai jamais eu le sens de l’orientation», ironise-t-il, cherchant en vain à nous guider dans les couloirs des Presses de la cité.
La maison d’édition, où l’artiste vient de publier son premier roman, Le Disciple, nous a ouvert ses portes, le temps d’une discussion à bâtons rompus avec son «jeune» auteur. Cherchant ses mots dans la forêt de sa pensée chargée d’images et de souvenirs, ce dernier peine à cacher son émotion. «Ce premier roman, c’est un rêve devenu réalité», confesse-t-il, de cet accent caractéristique où roulent les «r» avec une sensualité baroque, et dont chaque syllabe semble agitée de ce rubato propre aux grands interprètes romantiques. «La littérature a toujours eu…