Explosion des arrêts maladie : 500 médecins placés sous surveillance par l’Assurance maladie depuis le 1er septembre

Explosion des arrêts maladie : 500 médecins placés sous surveillance par l’Assurance maladie depuis le 1er septembre

Ces «mises sous objectifs», effectives pour une période de six mois, obligent les médecins concernés à réduire leurs prescriptions de 20 à 30%. rogerphoto - stock.adobe.com

Ces généralistes trop généreux en arrêts de travail sont visés par une campagne de la Sécurité sociale, les obligeant à réduire leurs prescriptions à compter ce lundi 1er septembre. Une «aberration», dénoncent leurs syndicats.

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Contre la flambée des arrêts maladie, la Sécurité sociale place les médecins généralistes trop généreux sous surveillance. À compter de ce lundi 1er septembre, environ 500 d’entre eux sont visés par une campagne de l’Assurance maladie, les contraignant à réduire le nombre d’arrêts de travail qu’ils accordent. Ces «mises sous objectifs», effectives pour une période de six mois, obligent les médecins concernés à réduire leurs prescriptions de 20 à 30%.

Les praticiens dans le collimateur de la Sécu ont déjà été prévenus de cette mise sous surveillance par téléphone par l’Assurance maladie. Cette dernière précise que sont visés uniquement «ceux qui maintiennent un niveau de prescription très élevé par rapport à leurs confrères de la même région, à patientèle et territoire d’exercice comparables» et qu’en plus, «il leur avait préalablement été proposé, au cours des 24 derniers mois, d’être accompagnés par l’Assurance maladie pour les aider dans leur pratique ou qu’ils avaient déjà été retenus» pour une telle procédure. Précisément, sont concernés «les médecins qui prescrivent au minimum le double d’arrêts d’arrêt de travail par rapport à leurs confrères à caractéristiques identiques».

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Une campagne qui fait hurler du côté des médecins. «C’est une aberration qui plus est anti-déontologique», a dénoncé ce lundi sur Franceinfo Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML). «Cela voudrait dire qu’on est obligé de restreindre des journées d’arrêt de travail alors que je rappelle quand même que c’est un traitement !», a-t-elle fustigé. En juin dernier, lors du lancement de cette campagne de l’Assurance maladie, Agnès Giannotti, la présidente de MG France, le principal syndicat de généralistes libéraux en France, avait elle aussi critiqué cette procédure. «Ce qui nous pose problème, c’est que cette nouvelle campagne ne vise que les arrêts longs. Mais vous imaginez bien qu’un médecin généraliste dans son cabinet ne va pas arrêter sur une longue durée quelqu’un qui n’en a pas besoin. Il ne s’agit ni de fraude, ni d’abus, mais de patients qui en ont besoin et pour lesquels nous sommes coincés», sans autre solution pour éviter une nouvelle dégradation de l’état de santé de la personne, avait-elle estimé.

160 millions d’euros d’économies lors de la précédente campagne

Tous les syndicats de médecins ont ainsi recommandé aux généralistes concernés de refuser la «mise sous objectifs». Une démarche possible, mais qui provoque la «mise sous accord préalable» du médecin. En d’autres termes, toutes ses prescriptions d’arrêt maladie sont désormais soumises «à l’accord préalable du service du contrôle médical» de l’Assurance maladie.

Ce n’est pas la première fois que la Sécurité sociale met en place une telle procédure. Elle l’avait déjà fait entre 2023 et 2024. À l’époque, cela avait déjà été mal reçu par la profession. Mais les résultats avaient été au rendez-vous, si l’on en croit l’Assurance maladie. Environ 600 médecins avaient été placés sous surveillance, ce qui avait permis de «générer près de 160 millions d’euros d’économies de prescriptions d’indemnités journalières entre 2023 et 2024».

La Sécurité sociale justifie le retour de ce dispositif par la «forte hausse» des dépenses d’indemnisation des personnes en arrêt maladie au premier semestre 2024 (+8% sur un an). Une tendance à la hausse observée de longue date : le montant des indemnités journalières (IJ) versées par l’Assurance-maladie aux salariés en arrêt de travail a augmenté de 28,9% entre 2010 et 2019 puis de 27,9% entre 2019 et 2023, selon les chiffres de la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam). Ces dépenses ont encore augmenté de 6,7% sur les quatre premiers mois de 2025, selon le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie. D’après la Sécu, cette hausse s’explique à 60% par des facteurs démographiques et économiques (augmentation de la population active, vieillissement de la population active, hausse des salaires), «mais 40 % sont difficilement explicables».