L’affiche de l’exposition David Hockney interdite dans le métro à cause d’une cigarette
Selon la loi de Murphy, « quand on allume une cigarette sur un quai de métro ou en attendant un bus, il arrive ». Et que se passe-t-il lorsqu’on en fait la promotion ? Le 2 avril, le peintre britannique David Hockney a raconté à The Independent que l’affiche de son exposition parisienne, David Hockney 25 a été interdite dans les couloirs du métro parisien.
Et cela, en raison d’une simple cigarette. La RATP a expliqué à l’artiste que la photographie enfreint la loi française, qui proscrit la publicité directe ou indirecte des produits liés au tabac, y compris les cigarettes électroniques. David Hockney y pose fièrement, avec une cigarette dans la main gauche et un crayon dans la main droite, devant son tableau Jeu dans un jeu dans un jeu et moi avec une cigarette.
« Une folie totale »
Une décision que le peintre conteste. « L’autoritarisme de ceux qui dirigent nos vies ne connaît aucune limite, a-t-il lancé lors de l’entretien avec le quotidien britannique. Ils ne s’opposent qu’à la photo, alors que je fume aussi sur le tableau que je tiens ! » « Entendre un avocat du métro interdire une image est déjà assez grave, mais qu’il évoque une différence entre une photographie et une peinture me paraît une folie totale », s’est offusqué David Hockney.
« Une telle censure sur une affiche faisant la promotion de l’une des plus grandes expositions d’un artiste vivant depuis une génération est incompréhensible »
Norman Rosenthal, commissaire de l’exposition
L’artiste, âgé de 87 ans, se dit « habitué à l’ingérence autoritaire des gens qui empêchent les autres de faire leurs propres choix » et parle même d’un acte « mesquin », voire d’une « décision lamentable », alors que « l’art a toujours été un moyen d’expression libre ». Norman Rosenthal, commissaire de l’exposition à la Fondation Louis-Vuitton du 9 avril au 31 août, paratge la colère de David Hockney. « La folie règne, explique-t-il au journal britannique. Une telle censure sur une affiche faisant la promotion de l’une des plus grandes expositions d’un artiste vivant depuis une génération est incompréhensible. Paris est une ville de liberté et de révolution profondément ancrées dans son histoire, cela va à l’encontre de tout cela. »
En 2009, la régie publicitaire de la RATP avait également interdit l’affiche du film Gainsbourg, vie héroïque dans les couloirs du métro parisien, car elle tombait « sous le coup de la loi Evin ». On y voyait des volutes de fumées, mais pas de cigarette.
Fumeur depuis 70 ans
David Hockney est réputé pour être un grand fumeur. L’année dernière, il déclarait dans le Times qu’il « fume depuis 70 ans ». « J’ai commencé à 16 ans, j’en ai maintenant 86 et je vais plutôt bien, merci, avait-il alors expliqué. J’adore le tabac et je continuerai à fumer jusqu’à ce que je tombe. Comme les arbres, nous sommes tous différents, et je suis absolument certain que je vais mourir. En fait, je suis sûr à 100 % que je vais mourir d’une maladie, liée au tabac ou non. »
Le peintre est d’ailleurs un grand opposant à l’interdiction générationnelle de fumer en Angleterre, une loi défendue par Rishi Sunak lors de son mandat au 10 Downing Street. En 2005, David Hockney s’était déjà exprimé à ce sujet lors d’une conférence du parti travailliste à Brighton. Il y avait brandi une pancarte provocatrice sur laquelle il était noté : « La MORT vous attend tous, même si vous fumez. »
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David Hockney a également un passif avec les métros. En 2021, alors qu’il était invité par le maire de Londres, Sadiq Khan, à concevoir le nouveau logo d’une station, l’artiste a subi une déferlante de haine sur les réseaux sociaux. Son design, intitulé Let’s Do London, a été décrit comme « enfantin » par certains internautes. D’autres ont même parlé d’œuvre « horrible ». Un amour indicible, donc, entre un peintre, sa cigarette et le métro.