« Si c’est mon procès, je me taille ». Après les acteurs Jean Dujardin, Pierre Niney et Gilles Lellouche qui ont obtenu la faveur de témoigner à huis clos, Dominique Besnehard était entendu ce jeudi 13 mars dans le cadre de la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma présidée par la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau. Mais l’ex-agent des stars, reconverti dans la production (de la série Dix pour cent notamment) a eu bien du mal à garder ses nerfs.
Surtout après la question de la députée LFI Sarah Legrain sur le cas Gérard Depardieu. Pour rappel, Dominique Besnehard était l’un des 56 signataires de la tribune parue dans Le Figaro le 23 décembre 2023 intitulée « N’effacez pas Depardieu ». Une défense de l’ogre du cinéma français qu’il dira ensuite regretter. Son sang n’a fait qu’un tour lors que Sandrine Rousseau l’attaque pour des « propos dénigrants sur les personnes qui parlent » et qui « envoient un message à l’ensemble du cinéma ».
« Tout ça commence à bien faire »
« Mais c’est quoi les propos dénigrants ? Vous racontez des histoires que vous voyez dans la presse », a rétorqué celui qui a défendu jadis les intérêts des plus grandes stars, d’Isabelle Adjani à Sophie Marceau en passant par Jeanne Moreau ou Nathalie Baye. Avant d’ajouter, de plus en plus énervé : « Moi, d’abord, je n’ai pas Twitter et des choses que j’ai dites à une époque quand Gérard Depardieu… C’était il y a combien d’années ? Il y a un moment donné ou ça va… Vous voulez me faire dire quoi? Que Depardieu, je l’ai apprécié à une époque? Vous n’êtes pas là pour faire la morale, je suis désolée. Vous arrêtez de faire la morale à tout le monde. Tout ça commence à bien faire. »
Menaçant de quitter l’Assemblée nationale, Sandrine Rousseau lui a rappelé qu’il était dans l’obligation de répondre à ses questions. Puis a tenté de recentrer le débat en justifiant son interrogation sur les «propos dénigrants». « Quand vous parlez, votre parole a de l’importance. Elle en a sur le monde du cinéma, sur les acteurs que vous connaissez, sur les réalisateurs avec lesquels vous travaillez, sur le monde de la production, avance Sandrine Rousseau. Votre parole, elle a du poids. Et quand vous avez des propos sur la libération de cette parole qu’est #MeToo qui sont minimisant sur le courage des femmes, derrière ça envoie peut-être un message − et c’est la question que je vous pose − à l’ensemble du monde du cinéma qui est de dire : “je vous protégerais, je protégerais le monde du cinéma de la parole des femmes”».
Cette audition a permis à Dominique Besnehard de revenir sur les abus de certains réalisateurs, tout en reconnaissant que les temps avaient changé, «et tant mieux». «Le problème, c’est que vous voulez tout résumer par des petites phrases», a encore regretté le parrain d’Eva Green, à qui il avait vivement déconseillé de jouer dans Les Innocents de Bernardo Bertolucci, réalisateur du très controversé Un dernier tango à Paris. Sandrine Rousseau a dénoncé ensuite une certaine complaisance du cinéma français vis-à-vis des violences sexuelles, se référant à Judith Godrèche, fer de lance du mouvement #MeToo en France, à l’initiative de la création de cette commission d’enquête. Et de conclure, avec une certaine componction : « Vous dites souvent que vous êtes de l’ancien temps Monsieur Besnehard, mais je dirais : ’’soyez aussi de ce temps-là’’. Car le cinéma a besoin de vous. »