Chalutage profond dans les aires marines protégées : pourquoi la France est toujours à la traîne
Protéger les océans et la pêche artisanale. À quelques mois de la troisième conférence des Nations unies sur les océans (Unoc), qui doit se tenir du 9 au 13 juin à Nice, dans les Alpes-Maritimes, une coalition d’ONG lance la campagne « Protect Our Catch : la voix de l’océan » contre le chalutage de fond.
Ce 5 février, Bloom, Blue Marine Foundation, Environmental Justice Foundation, Oceana, Only One, Seas at Risk et la Fondation Tara Océan joignent leurs forces pour obtenir de véritables aires marines protégées au sein de l’Union européenne, et interpellent le président de la République.
Des méthodes de pêche destructrices
« Des méthodes de pêche destructrices continuent d’être utilisées dans les aires marines protégées (AMP) françaises, ce qui porte atteinte à l’intégrité de ces sanctuaires, qui a des répercussions négatives sur les communautés de pêcheurs locales et nuit à l’image de la France en tant que gardienne des océans », écrivent les ONG dans leur lettre ouverte à Emmanuel Macron.
Lors des assises de l’économie de la mer, le 28 novembre 2023, à Nantes, le président de la République avait pourtant rappelé que l’océan est « à la fois le plus grand puits de carbone au monde et le plus grand trésor de biodiversité ». Des paroles pour le moment guère suivies d’effets.
Très décriée pour son impact sur la biodiversité marine, ce type de pêche détériore les habitats en raclant les fonds marins, et capture sans discrimination toutes les espèces sur le chemin de leurs filets. Celles qui ne les intéressent pas sont ensuite rejetées – mortes – à la mer. Une étude de janvier 2024, parue dans la revue Frontiers in Marine Science, avait également pointé les rejets de CO2 occasionnés en raclant les sédiments dans lesquels se dépose le carbone, qui contribue à l’acidification des océans et dont une partie se voit relâchée dans l’atmosphère.
La France à la traîne
Les ONG pointent donc les manquements de la France vis-à-vis de l’Union européenne. Comme le rappelle leur lettre, en effet, « malgré le plan d’action de l’UE qui enjoint aux États membres d’élaborer des feuilles de route nationales pour éliminer progressivement le chalutage de fond dans les AMP d’ici à la fin de 2024, la France n’a pas encore réalisé de progrès significatifs ».
Fait notable, la coalition d’associations compte également des pêcheurs, eux aussi victimes de la concurrence déloyale de ces chalutiers qui « nuisent aux petits pêcheurs français et aux communautés côtières, exacerbant les inégalités et l’instabilité économique », dénonce la coalition d’ONG dans sa lettre ouverte au président.
« Le chalutage industriel et le chalutage de fond dans les aires marines protégées menacent notre avenir. Pour assurer la pérennité de notre profession, il est essentiel de protéger et de promouvoir la pêche artisanale », alerte ainsi Isaac Moya, pêcheur en Catalogne et cofondateur du collectif de pêche durable Empesca’t. Il rappelle également que les pêcheurs artisanaux s’appuient « sur des méthodes traditionnelles à faible impact qui respectent l’océan et notre culture ». Avec l’espoir que le contexte de l’Unoc permette de réelles avancées.
La Terre de nos batailles
La justice climatique, c’est notre bataille. Celle qui relie luttes environnementales et sociales pour contrer un système capitaliste faisant ventre de tout. Du vivant, de la planète, de notre humanité.
Il n’y a pas de fatalité.
- Nous démasquons les manipulations des lobbies.
- Nous battons en brèche les dénis climatiques mortifères.
- Nous mettons en valeur les initiatives visant à réduire les inégalités environnementales et les fractures sociales.
Soutenez-nous.
Je veux en savoir plus