Industrie : plus de fermetures que d'ouvertures d'usines en France en 2024, la tendance négative se poursuit avec 18 fermetures annoncées en janvier
En 2024, 89 fermetures ou annonces de fermetures ou restructurations de sites industriels ont été recensées, révèlent mercredi 12 février "ici", en partenariat avec le magazine "L'Usine Nouvelle". Un chiffre supérieur aux 65 ouvertures comptabilisées, auxquelles il faut ajouter les 46 extensions de site. Cette tendance négative se poursuit en ce début d’année. En janvier 2025, 18 fermetures ont été annoncées, contre seulement quatre ouvertures (et quatre extensions).
“On ferme à nouveau plus d'usines que l'on en ouvre en France”, regrette Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction de "L’Usine nouvelle". Une “inversion de tendance qui s’est encore accélérée sur la toute fin 2024”, note-t-il. Le solde ouvertures-fermetures n’avait pas été négatif depuis cinq ans. 2024 marque ainsi la fin d’un cycle de réindustrialisation, porté par les politiques des présidents François Hollande et Emmanuel Macron, qui en avaient tous deux fait une priorité. Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet de conseil BDO, confirme que depuis la mi-2024 la tendance s'est inversée.
"Et la vraie raison, c’est avant tout la dissolution."
Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet de conseil BDOà franceinfo
Pour expliquer les raisons de cette situation, Emmanuel Duteil pointe entre autres une compétitivité amoindrie par la hausse des coûts de l’énergie et des salaires. “L'incertitude économique générée par la dissolution, l'absence de budget, le fait de ne pas savoir de quel côté les entreprises allaient être taxées, tout cela a véritablement créé un phénomène d'attentisme”, ajoute-t-il. “On a eu un vrai problème d’investissements”, appuie Anne-Sophie Alsif. Ceux-ci se sont taris sur la fin d’année, alors même qu’en 2023, la France avait été le pays européen qui captait le plus d’investissements directs étrangers.
L'effet dévastateur de la hausse des prix de l'énergie
Parmi les secteurs les plus touchés, les industries de la transition écologique, mais aussi les secteurs historiques. Par exemple, Michelin qui a annoncé la fermeture de deux de ses sites d'ici 2026, celui de Vannes (Morbihan) et de Cholet (Maine-et-Loire), l'équipementier automobile Valeo un peu partout en France, ou encore le chimiste français Arkema au sud de Grenoble. L’automobile, la chimie ou la pharmacie se portent assez mal, touchées de plein fouet par les hausses des prix de l’énergie, essentielle à leur production, ou bien dépassées parfois technologiquement par des concurrents internationaux. L’ameublement ou le textile sont aussi en souffrance. Dans ces deux cas, “c’est vraiment le ralentissement de la demande qui rend difficile de résister au contexte”, analyse Anne-Sophie Alsif.
Parmi les secteurs qui, en revanche, se portent bien et continuent de tirer vers le haut l’industrie tricolore, on retrouve "l’aéronautique, le luxe, la Défense”, liste entre autres Anne-Sophie Alsif. Certaines très grandes entreprises prévoient par ailleurs d'embaucher cette année, à l’image de la SNCF ou de LVMH. “On continue d'ouvrir des usines, notamment dans l'énergie, que ce soit le nucléaire ou les technologies vertes”, abonde Emmanuel Duteil, qui se contente pour le moment d’évoquer une simple “panne de la réindustrialisation”.