Les premiers chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump ont été accueillis par l'université d'Aix-Marseille
L'université d'Aix-Marseille, qui avait lancé en mars un appel aux chercheurs américains dont la liberté académique serait menacée par la politique de Donald Trump, a accueilli jeudi 26 juin une dizaine de scientifiques, sur les vingt qui resteront dans le sud de la France pour trois ans. "Le principe de liberté académique, de même que tout le système de l'enseignement supérieur, est vraiment en danger aux États-Unis", a insisté Brian Sandberg, un historien originaire de l'Illinois présent, avec une dizaine de ses compatriotes, à la cérémonie d'accueil organisée par Aix-Marseille Université (AMU).
Dans le cadre de son programme, Aix-Marseille Université a reçu 298 candidatures au total, émanant de chercheurs venus notamment d'institutions prestigieuses comme Berkeley, la Nasa ou encore Stanford. A l'issue d'un processus de présélection, 39 candidats qui travaillent dans les domaines de la santé, l'astrophysique, les sciences humaines ou encore le climat ont été retenus, et le recrutement d'une vingtaine d'entre eux est en train d'être finalisé pour une installation en France à partir de septembre.
Vers un statut de "réfugié scientifique" ?
"Sauver nos collègues américains, accueillir nos collègues américains, c'est aussi accueillir et favoriser la recherche mondiale", a insisté Eric Berton, président d'Aix-Marseille Université, lors de la cérémonie organisée dans le laboratoire d'astrophysique de Marseille, un des sites qui accueillera ces exilés scientifiques. "C'est un programme d'accueil scientifique, d'asile scientifique. Et puis, surtout, on veut faire passer dans la loi cette notion de réfugiés scientifiques", a ajouté le président de l'université, évoquant la proposition de loi qui ambitionne de créer un statut spécifique de "réfugié scientifique" déposée par l'ex-président français François Hollande, redevenu député.
Lisa, une anthropologue préférant rester anonyme, a évoqué les nombreuses difficultés dans son travail, comme la mise au ban de certains termes liés au genre et au climat. "Apparemment, l'un des mots interdits sur sa liste est le mot femme. Je ne sais pas comment on peut parler des femmes sans utiliser le mot femme. Ça devient assez ridicule", a décrit cette chercheuse, sélectionnée dans le programme avec un financement de 45 000 euros pour trois ans.