Les chercheurs restent encore prudents, mais la piste est prometteuse. À Pornic, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Nantes (Loire-Atlantique), un pêcheur amateur et passionné d’histoire a identifié, l’hiver dernier, d’étranges affleurements rocheux le long de la côte sauvage. Ces pierres discrètes, isolées au milieu du sable mouillé, gisent d’ordinaire sous l’écume des vagues, à près de 200 mètres de la falaise contre laquelle se brise l’océan. Parfois, cependant, l’effeuillage de la côte à l’occasion des grandes marées laisse entrevoir ces structures rocheuses. L’apparente banalité de l’ensemble cacherait une possible carrière de mégalithes.
Situées à proximité de la plage de la Fontaine aux Bretons, ces saillies de grès en forme de grandes dalles s’étalent sur une quinzaine de mètres. De forme non naturelle, parcourues de traces d’outils, elles diffèrent des alignements de pierres de pêcheries, structures familières des littoraux du Grand Ouest. L’une des roches, plus oblongue, avec une base travaillée, pourrait même évoquer un menhir.
Mégalithisme atlantique
Interrogé par nos confrères du Courrier du Pays de Retz, Michel Baconnais, le découvreur du site, assure que ces dalles bien camouflées sont, le plus souvent recouvertes de sable ou de sédiments. Pour l’archéologue Axel Levillayer, elles pourraient dater du milieu du Néolithique, soit 4000 à 5000 ans avant notre ère, à une époque où le littoral se trouvait jusqu’à un kilomètre plus loin qu’aujourd’hui. «Ce site difficilement accessible et qui appartient aujourd’hui au domaine national maritime, devait ainsi, à l’origine, se trouver à l’intérieur des terres», indique au Figaro le chercheur, qui a eu l’occasion d’examiner ces structures oubliées sur le littoral de Pornic.
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Responsable d’opération au sein du service archéologique du département de Loire-Atlantique, Axel Levillayer interprète pour l’heure cet énigmatique ensemble tantôt comme un site de pierres dressées qui se seraient effondrées, tantôt comme une carrière de mégalithes. «Plusieurs dolmens ont été identifiés dans le secteur, à l’instar de celui du Prédaire, situé à quelques centaines de mètres, indique l’archéologue. Une part importante du Grand Ouest est marquée par le phénomène du mégalithisme atlantique , un type d’architecture monumentale lié à l’émergence des premières sociétés et à l’intensification des échanges à longue distance.»
La découverte fortuite de ces structures anciennes a été enregistrée auprès du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), à Marseille. Depuis, de nouveaux examens sont programmés, à Pornic, sur le site identifié près de la Fontaine aux Bretons. Des prises de vues par drone ainsi que les renforts d’un géologue et d’un spécialiste du Néolithique devraient permettre de compléter les premiers relevés du service archéologique départemental. Les chercheurs vérifieront l’éventuelle parenté entre les blocs découverts à Pornic et le grès des dolmens des environs. Ils continueront également à tendre l’oreille aux riverains. «Le travail de l’archéologue consiste aussi, parfois, à se laisser guider par la connaissance que les habitants ont de leur commune et de leur patrimoine», glisse Axel Levillayer.