Feux de forêt en Grèce : ce que l'on sait des multiples incendies qui sévissent aux portes d'Athènes
Devant leurs maisons en flammes, des milliers de Grecs ont dû consentir à évacuer. Dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 août, d'importants feux de forêt se sont déclarés en Grèce, la plupart autour d'Athènes. Malgré les efforts "surhumains" déployés ces dernières heures par les pompiers, selon les mots de leur porte-parole, l'incendie parti du village de Varnavas continuait de se propager "très vite" lundi matin. Voici ce que l'on sait de la situation sur place.
Une quarantaine de départs de feux
Une quarantaine de départs de feux ont été recensés dimanche par les autorités grecques. A une quarantaine de kilomètres au nord-est d'Athènes, dans la province de l'Attique de l'Est, un feu de forêt a fait rage dans une zone peuplée de quelques maisons sur la commune de Varnavas. Ces feux ont dégagé de telles fumées que la capitale grecque était plongée dans un nuage, dimanche après-midi.

Un autre incendie a été identifié dimanche à Mégare, cette fois-ci à une quarantaine de kilomètres à l'ouest d'Athènes. Enfin, un troisième foyer, à plus de 500 kilomètres de la capitale, s'est déclenché à Langadas, près de Thessalonique.
Le feu de Varnavas "continue de se propager très vite"
Dimanche après-midi, le porte-parole des pompiers déclarait à la presse que ses effectifs étaient parvenus à maîtriser 33 des 40 départs de feux déclarés au cours du week-end. Mais la situation s'est dégradée lundi matin. "Les forces de la protection civile ont livré bataille toute la nuit et malgré des efforts surhumains, l'incendie continue de se propager très vite", a expliqué Vassilis Vathrakogiannis au sujet de du feu de Varnavas.

"Les vents forts ont propagé [l'incendie] en un clin d'œil, créant un comportement extrême, avec de nouveaux fronts qui s'ouvrent derrière les lignes de confinement", a ajouté le porte-parole. Près de 670 pompiers, dotés d'une trentaine d'avions, restent mobilisés et aidés de soldats. "Malgré une intervention rapide hier en sept minutes seulement, nous n'avons pas réussi à maîtriser le feu", a aussi déclaré le ministre de la Protection civile, Vassilis Kikilias.
Le plus gros foyer d'incendie, à Varnavas, continue de s'étendre, selon le quotidien grec Kathimerini, qui le décrit lundi matin comme ayant atteint des "proportions incontrôlables, malgré des combats [des pompiers contre les flammes] qui ont duré toute la nuit". Le feu se rapprochait dans la matinée de la ville de Penteli, à 30 kilomètres de Varnavas.
Le directeur de recherche à l'Observatoire d'Athènes, Kostas Lagouvardos, avait averti la veille que si ces incendies n'étaient pas rapidement maîtrisés, les feux pourraient devenir incontrôlables, du fait des conditions météorologiques actuelles. En revanche, à Langadas, le feu a été partiellement contenu.
Plusieurs localités évacuées près d'Athènes
A Varnavas, malgré l'intervention de 165 pompiers, notamment aidés de sept avions et cinq hélicoptères, les habitants ont finalement reçu l'ordre d'évacuer dimanche. Les résidents de huit villages voisins ont dû les imiter. Dans cette région de l'Attique du Sud, la ville mythique de Marathon a également dû être vidée de ses 7 000 habitants, dans la nuit de dimanche à lundi. Ils ont été priés de se mettre à l'abri vers la ville de Nea Makri, sur la côte. "Nous faisons face à une catastrophe biblique. Toute notre municipalité est en proie aux flammes et vit des moments difficiles", a déclaré le maire de la ville, Stergios Tsirkas, à la chaîne de télévision Skai.

Le feu se rapprochant d'Athènes lundi matin, cinq autres localités ont été évacuées ainsi que deux hôpitaux, l'un pédiatrique et l'autre militaire. Leurs habitants ont reçu un SMS de la protection civile leur demandant de "[suivre] les instructions des autorités", avec des indications pour procéder correctement aux évacuations. Ces milliers de Grecs déplacés peuvent notamment trouver refuge dans le stade olympique OKA, au nord de la capitale, ouvert spécifiquement par les autorités.
Des conditions climatiques favorables aux incendies
Jusqu'au 15 août, la moitié du pays était exposée à un risque élevé d'incendie, avait annoncé, samedi, le ministre de la Protection civile grec, du fait d'une combinaison de trois facteurs météorologiques extrêmes. Tout d'abord, des températures atteignant les 39°C, après des records de températures déjà franchis en juin et juillet, soit les mois les plus chauds jamais enregistrés depuis les premières statistiques, il y a soixante ans.
Le ministre avait également prévenu que des vents à plus de 90 km/h, soufflant en rafales, étaient attendus dans le week-end ainsi qu'en début de semaine, pouvant attiser d'éventuels départs de feux. Enfin, la sécheresse que connaît actuellement la Grèce, après un hiver particulièrement sec, est le dernier facteur de risque concourant à la propagation de ces incendies.
Dimanche était la journée annoncée comme la plus difficile par le porte-parole des pompiers, du fait des vents violents. Mais des rafales demeurent, lundi, estimées à 7 sur l'échelle de Beaufort, ce qui pourrait complexifier encore la tâche des pompiers. Si la Grèce est particulièrement vulnérable aux incendies de forêt, la saison de ces incendies s'allonge globalement dans le monde, selon le groupe d'experts intergouvernemental des Nations unies sur le climat, qui alerte également sur une augmentation de la superficie brûlée par les flammes.
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