« J’ai acheté une Tesla, pas une Musk » : ces automobilistes déchirés entre leur voiture et les scandales du milliardaire

«Dès que je peux le faire, je m’en séparerai», promet Jean-Philippe Donzé, locataire de deux Tesla pour son entreprise d’architecture à Nancy. Depuis, qu’Elon Musk, propriétaire de Tesla, s’est rapproché du président américain Donald Trump, une tendance croissante s’installe parmi les propriétaires de Tesla. Des clients de la marque expriment leur désir de se séparer de leurs véhicules pour des raisons bel et bien politiques : les postures et nouvelles prises de fonction du milliardaire Elon Musk.

«Je ne peux pas supporter de financer, d’une manière ou d’une autre, quelqu’un qui défend des thèses fascistes et racistes. Avant d’être un consommateur je suis un citoyen», résume l’entrepreneur nancéien à propos de ce nouveau phénomène. C’est aussi le cas de Jacques, qui malgré les performances exceptionnelles de la voiture pense à s’en séparer : «j’ai horreur de Trump, et pour moi Musk est un idiot».

Mais parmi les millions de clients de la marque, il y a aussi ceux qui restent. Nicolas, à la sortie du magasin Tesla place de la Madeleine à Paris nous répond simplement que pour lui ce n’est pas «un choix politique, non, c’est purement économique ». Selon lui, quand vous alliez le prix d’une Tesla «défiant toute concurrence», l’économie sur le coût de l’essence, et la prime écologique à l’achat, acheter cette voiture est avant tout une bonne affaire. «Regardez, le Qatar  est proche du Hamas et possède le PSG, ça ne m’empêche pas pour autant de supporter ce club».

Politique oui, «pour des raisons de transition écologique »

Toujours à la sortie de ce magasin, Julien propriétaire d’un bar dans Paris, sépare les positions d’Elon Musk de son entreprise Tesla. «Non j’adore ce qu’il fait, je vote à l’extrême droite, et je suis très content de voir que lui et Trump  défendent les intérêts du peuple américain». «Mais si demain Musk commercialise un produit de mauvaise qualité, je ne vais pas l’acheter pour autant».

Pour Christophe, administrateur de deux groupes Facebook qui rassemble 20.000 fans de Tesla, l’achat d’une Tesla est politique «oui», «mais pas pour les raisons que vous croyez». «J’ai été horrifié par le 11 septembre 2001, et à cette époque j’ai fait très vite le lien entre le terrorisme et l’économie autour des énergies fossiles», introduit-il. «Ensuite, ça m’a fait prendre conscience du lien entre l’exploitation du pétrole, les émissions carbones et le réchauffement climatique». Attention, «je ne suis pas écologiste, je dirais plutôt que je suis devenu eco-conscient».

Et c’est cela qui lui a fait acheter un véhicule électrique en 2014, puis deux Tesla, un modèle S en 2016, et un modèle Y en 2019. «J’étais fasciné par le génie de Musk. L’approche de Tesla a été de rendre la mobilité électrique sexy, et Musk s’est battu pour accélérer la transition énergétique». «Maintenant, je ne reçois pas de gaîté de cœur les positions de Musk, mais je sépare les opinions générales de Musk, de son investissement dans Tesla. J’aurais d’ailleurs préféré qu’il se concentre sur la marque».

«Les bonnes performances du véhicule»

Pour répondre définitivement à notre question, nous avons également fait le tour des groupes Facebook qui rassemblent des propriétaires de Tesla. Quelle ne fut pas le déferlement à l’évocation de la politique quand on parlait de Tesla. «On s’en tape de vos pseudos buzz», s’est par exemple permis un internaute. «On a une Tesla parce que niveau puissance, on défonce toutes les thermiques avec un budget 3 fois inférieur», ajoutait-il.

«Nous avons acheté une Tesla, pas une Musk», commente également Beatrice Ghewy. «Posséder une Tesla n’est pas du tout politique, un point c’est tout, qu’on nous foute la, paix», partage quant à elle Linda Perdrix. «Vous pouvez constater qu’il n’y a pas de profil de propriétaire-type de Tesla», répond Charles Sterchi pour résumer les nombreux points de vue que nous avons reçu à ce sujet. «Maintenant c’est plutôt le fait d’être un anti-Tesla qui devient un marqueur politique. Il y a deux types de réfractaires : les anti voitures électriques et les anti Musk», conclut-il.