Mercato : quel (vrai) rôle peut avoir Rayan Cherki à Manchester City ?
Il y a six mois, Manchester City entamait sa mue en réalisant un mercato hivernal record après un début de saison raté. Omar Marmoush, Abdukodir Khusanov, Vitor Reis et Nico Gonzalez posaient ainsi leurs valises dans la ville industrielle du nord de l’Angleterre contre plus de 200 millions d’euros. Plus fort encore début avril, l’un des meilleurs joueurs Citizen de l’histoire annonçait son départ en fin de saison : Kevin De Bruyne.
En fin de contrat, le milieu belge de 33 ans, grand artisan du triplé historique en 2023 (championnat, FA Cup, Ligue des Champions), laisse un vide immense dans un club où il évoluait depuis 10 ans. Il laisse aussi la place à une vague de nouveaux joueurs qui a été complétée en ce début de mercato estival par les venues de Rayan Aït-Nouri, Tidjani Reijnders et surtout Rayan Cherki. L’artiste de 22 ans s’est engagé pour cinq ans et un peu plus de 40 millions d’euros en provenance de l’Olympique lyonnais.
Si le changement de dimension est immense pour le natif de Pusignan, il a déjà prouvé qu’il pouvait évoluer dans les plus hautes sphères du football mondial, en témoigne son entrée en jeu face à l’Espagne en demi-finale de Ligue des Nations le 5 juin dernier. En 27 minutes, il s’est créé plus d’occasions que n’importe quel titulaire de l’attaque tricolore, ponctuant sa prestation par un but et une passe décisive pour sa première cape chez les A.
Un nouvel environnement à appréhender
En Ligue Europa, il a également guidé l’OL jusqu’en demi-finale en terminant meilleur passeur et meilleur jeune de la compétition et en scorant par deux fois contre Manchester United dans une double confrontation mémorable. Cette saison en club, il comptabilise 44 matches toutes compétitions confondues pour 12 buts et 20 passes décisives. La saison prochaine, il faudra être capable de reproduire ce type de performance de semaines en semaines dans un championnat réputé pour sa dureté physique et son calendrier à rallonge.
Il faudra également trouver sa place dans le cadre collectif mis en place par Pep Guardiola, tacticien hors pair qui ne transige pas avec les efforts défensifs. Car si Rayan Cherki domine la plupart des catégories statistiques offensives (meilleur créateur d’occasion d’Europe, meilleur dribbleur…), son apport défensif reste limité. Disponible pour la Coupe du monde des clubs qui débutera mercredi 18 juin prochain à Philadelphie pour Manchester City, opposé au Wydad Casablanca, il n’aura que peu de temps pour travailler les automatismes avec ses coéquipiers.
Pour autant, nul doute qu’il possède dans son jeu toutes les caractéristiques pour plaire à l’entraîneur catalan. C’est d’ailleurs en parlant de jeu que celui-ci est parvenu à attirer le joyau du centre de formation de l’OL. Selon l’Équipe, il aurait directement échangé avec lui par téléphone pour le convaincre de signer chez les Sky Blues. «Pour me convaincre, on doit me parler football. Du football, et encore du football. Tout simplement», expliquait Cherki début juin. Ambidextre parfait (sur les 44 tirs qu’il a effectués du pied en Ligue 1 cette saison, exactement la moitié provenait du gauche et l’autre moitié du droit), il offre de nombreuses possibilités à son nouveau coach, adepte d’un 4-3-3 hybride et modulable en cours de partie.
Pep Guardiola ne le bridera pas
À l’image d’un Riyad Mahrez ou d’un Jérémy Doku plus récemment, il devra choisir ses moments pour repiquer dans l’axe et dribbler comme il sait si bien le faire. Guardiola ne le bridera pas, comme il l’expliquait à GOL il y a quelques semaines : «Si un enfant a le talent pour dribbler, il l’aura toute sa vie ; il doit juste savoir quand et comment le faire. Les joueurs intelligents savent comment voir ce qu’il se passe autour d’eux et comment le jeu se développe, en se déplaçant toujours en fonction de leurs adversaires, de leurs coéquipiers et des espaces.»
Autour de lui, les dirigeants Citizen devraient également faire de la place, toujours dans l’idée de respecter la volonté de l’ancien entraîneur du FC Barcelone, qui a été très clair sur ce qu’il compte mettre en place l’an prochain : «Je ne peux pas diriger 24 joueurs et devoir choisir chaque semaine quatre, cinq ou six d’entre eux qui doivent rester chez eux à Manchester parce qu’ils ne peuvent pas jouer. Je ne veux pas et je partirai. Faites une équipe plus resserrée, et je resterai.» Pour l’heure, il compte une trentaine de joueurs sous contrat, dont neuf offensif.
Après une saison blanche, la première depuis 2016-2017, des changements dans le staff ont également été opérés pour impulser une nouvelle dynamique : Pepijn Lijnders, ancien adjoint de Jürgen Klopp, et James French, ancien entraîneur des coups de pied arrêtés de Liverpool, ont intégré la garde rapprochée de Pep Guardiola. Ce nouveau départ, la pépite française de 22 ans pourrait l’incarner, comme il a incarné le futur puis le présent de l’OL de sa première apparition en Ligue 1 le 19 octobre 2019 face à Dijon à sa dernière le 17 mai 2025 face à Angers.