Le compositeur argentin Lalo Schifrin, père de l’inoubliable thème musical de Mission: Impossible, et auteur de plus d’une centaine de musiques de films, est mort à l’âge de 93 ans, annoncent Variety et Deadline. Lalo Schifrin a composé les thèmes cultes de Mission : Impossible, Bullitt, Starsky & Hutch ou encore Enter the Dragon. Couronné de quatre Grammy Awards et d’un Oscar d’honneur en 2018, il fut autant chef d’orchestre qu’artisan du groove orchestral. Une étoile sur le Walk of Fame, décernée en 1988, scelle la mémoire d’un maître du rythme et du suspense.
Il y a quelques années, lors d’un entretien accordé au Figaro Magazine, Michel Legrand, peu porté sur les compliments lorsqu’il s’agissait d’évoquer ses confrères, confessait que, pour lui, l’un des plus grands compositeurs de musique de films était Lalo Schifrin. Il avait raison. Cet Argentin, né à Buenos Aires en 1932, dans une famille de musiciens avait fait preuve de talents tellement précoces que son professeur l’avait aidé à trouver une bourse pour aller étudier à Paris. Adieu le Buenos Aires de Perón, le temps était venu de rejoindre la capitale française des années 1950 en pleine furie jazz.
Schifrin aimait la musique classique, mais était surtout un fanatique de jazz be-bop. Il avait étudié avec Messiaen avant de retourner dans son pays où la radio nationale lui demanda de monter et diriger un big band. Le miracle se produit : l’idole du jeune homme, Dizzy Gillespie en personne, l’entend et l’embauche en tant qu’arrangeur et pianiste. Schifrin composera avec le trompettiste l’album Gillespiana, avec des percussions latines.
La carrière de Schifrin est lancée. Il enregistre des albums qui se vendent très bien, le cinéma fait appel à lui. René Clément lui demande de signer la partition des Félins. Tout s’enchaîne très vite. Pour le grand écran, il écrit, dirige et arrange les musiques de Bullitt et du Kid de Cincinnati, la BO mythique d’Opération Dragon avec Bruce Lee, plusieurs films de Clint Eastwood (dont L’Inspecteur Harry), avec qui il s’entend à merveille.
Et puis il y aura le petit écran, qui débouchera sur des réussites mémorables, dont les plus grandes sont les thèmes de Mission : Impossible et Mannix. D’authentiques merveilles : composition, arrangements, science des timbres (la flûte traversière de Mission : Impossible). Tout est génial car Schifrin l’était. Pour Bullitt, il avait eu l’idée extraordinaire, durant la course de voitures, de couper la musique à chaque fois que Steve McQueen accélérait où changeait de vitesse afin d’augmenter la tension.