Mondiaux de badminton : sur des airs de Paris 2024, les Bleus débutent solidement
Un peu moins d’un an après les formidables exploits de Lucas Mazur et Charles Noakes, tous deux titrés lors des Jeux paralympiques de Paris 2024, le badminton retrouvait l’Arena Porte de la Chapelle ce lundi pour l’ouverture des Championnats du monde. Une ouverture en fanfare, devant des tribunes bien garnies et dans une ambiance certes pas aussi électrisante que l’été dernier, mais quand même bruyante dès qu’il s’agissait d’encourager un représentant français. À commencer par Christo Popov, qui fut le premier à entrer dans l’arène dans le camp bleu-blanc-rouge…
«L’entrée sur le terrain était cool», raconte le 10e mondial. «Un grand merci pour le public qui dès le premier jour est au rendez-vous, ce qui n’est pas souvent le cas en compétitions, y compris sur des Championnats du monde. Mais en France, c’est toujours agréable de sentir ce public qui nous encourage et nous pousse. Nous allons en avoir besoin cette semaine pour réussir des performances historiques. C’est top. Cela m’a rappelé un peu les Jeux, même si je n’y avais joué qu’en double. Un tel soutien, cela met un peu de pression, mais plutôt positive. Quand je suis sorti du terrain, je me suis dit : c’est déjà fini, mais j’ai hâte de revenir !» Cela tombe bien, il en aura l’occasion en début de soirée pour son premier tour de double masculin aux côtés de son frère Toma Junior. Et aussi en simple mercredi, puisqu’il a dominé Pang Fong Pui…
Passer la publicitéUne victoire en deux sets (21-15, 21-16) sur le joueur de Macao, qui lui a cependant posé un certain nombre de soucis lors de la seconde manche en menant 12-16. Avant une formidable accélération du joueur de Fos-sur-Mer qui bouclait le match sur un 9-0 tonitruant. Et forcément intéressant pour la suite. «Il y a eu pas mal de bonnes choses dans ce match, y compris, paradoxalement, d’avoir eu ce petit coup de mou au second set mais j’ai su changer de tactique et me remettre un coup de boost. C’était bien de ressentir deux sensations différentes sur le terrain, car je ne vais pas toujours bien jouer sur tous les matches et c’était un bon exemple de réaction à avoir quand la situation devient plus difficile.» Sans oublier l’adaptation à la salle de l’Adidas Arena : «La salle n’est pas si facile à jouer car il y a pas mal de vent, notamment sur les lobs. J’ai appris quelques petites choses aujourd’hui et c’est important pour la suite car sur certains matches, cela pourrait se jouer sur des détails pour aller chercher une médaille.»
Maintenant, si le soutien populaire en porte certains, il peut aussi en déstabiliser d’autres. Comme la jeune Anna Tatranova (21 ans), qui a vécu ce lundi le premier match de sa jeune carrière en Championnats du monde. «Quand je suis arrivée dans la salle, tout le monde m’a acclamé et là, j’ai vraiment pris conscience qu’il y avait beaucoup de gens», lâchait-elle dans un sourire après sa défaite, honorable, face à la numéro 4 mondiale Chen Yu Fei (10-21, 12-21). «Il m’a fallu un petit moment pour me détendre car au début, j’avoue que cela m’a un peu crispé. Je n’ai pas l’habitude de jouer dans des grandes salles comme ça, avec autant de public. J’étais vraiment très impressionnée car je ne pensais pas qu’il allait y avoir autant de monde. J’étais vraiment surprise, dans le bon sens du terme.»
Comme le veut le dicton, il faut bien que jeunesse se passe et Tatranova l’admettait bien volontiers. «J’ai beaucoup appris. Tactiquement, j’ai mis en place ce que l’on avait prévu avec mon entraîneur. Malgré ce score assez sec, je suis quand même assez contente de ce que j’ai produit. Même si le début de match a été difficile, je n’ai pas paniqué malgré le retard que j’avais pris et je suis restée plutôt calme. Au fur et à mesure, j’ai réussi à mettre en place ce que je souhaitais faire. Cela n’a pas été suffisant car elle fait partie des meilleures joueuses du monde. Mais cela m’a montré vers où je dois aller et comment je dois travailler pour y parvenir.»
Une (toute) petite frayeur pour Alex Lanier
De leurs côtés, les vice-champions d’Europe Eloi Adam et Léo Rossi, eux, n’ont pas connu de difficultés pour se défaire de la paire anglaise constituée de Rory Easton et Alex Green (21-17, 21-14). Un scénario identique a failli se produire ensuite avec l’entrée en lice du numéro 1 français, et accessoirement 7e mondial, Alex Lanier. Opposé au Thaïlandais Kantaphon Wangcharoen, le Caennais de 20 ans a longtemps maîtrisé la situation de A à Z, avant de «trop se relâcher» - de son propre aveu -, et de se retrouver à devoir écarter un volant d’un set partout pour se qualifier (21-12, 22-20), tout en faisant monter la température de quelques degrés. Car comme tout le monde sait, en France, l’ingrédient d’une compétition réussie en termes d’ambiance tient principalement, pour ne pas dire uniquement, à la capacité des joueurs et joueuses français à être performants. Ce lundi, ils ont été globalement au rendez-vous, et le public aussi.