L’air est encore doux à Istanbul en ce mois de septembre. Les klaxons crient dans les ruelles du quartier cosmopolite de Cihangir, perché sur les hauteurs de la ville. Installé à la terrasse d’un café, Ayem, un restaurateur de 42 ans broie du noir. « Avant, je pouvais prévoir mes dépenses, acheter en gros pour la semaine. Aujourd'hui, c'est impossible. Les fournisseurs me donnent un prix un jour et le lendemain, ils l'ont augmenté. Comment est-on censé s'en sortir ? Sans compter l'électricité qui a pris 40% ce mois-ci, et une nouvelle hausse de loyer qui m’attend ! », raconte-t-il dans une colère sourde.
Finir le mois est devenu un chemin de croix. L’inflation qui sévit à plus de 50% en Turquie force les commerçants à jongler entre des coûts de plus en plus exorbitants et des clients dont le pouvoir d'achat s'effondre. « Si je répercute les hausses sur mes prix, je perds du monde. Si je ne le fais pas, c'est ma marge qui disparaît. J'ai enlevé certains plats qui devenaient trop chers…, dit-il, confessant avoir augmenté entre 30% et 40% sa carte ces derniers mois. Pour survivre, j’ai réduit mon personnel au minimum et je fais le garçon de salle. »
Quotidien insoutenable
Le quotidien est devenu insoutenable pour les Turcs, pris au piège de l’inflation…