A Genève, l’horlogerie s’exhibe
Le temps passe, les montres restent. Le plus souvent, leur style comme leur mouvement traversent le temps sans prendre une ride. C’est cette magie horlogère toute particulière que Watches & Wonders met en scène une semaine par an, début avril, à Genève. Cette année, le salon regroupe 60 marques (sept de plus que l’an passé) sur 75 000 m2 d’exposition. En sus de six nouvelles maisons indépendantes, Bulgari rejoint à l’occasion de cette 4e édition les autres maisons horlogères du groupe LVMH (Hublot, TAG Heuer et Zenith). Né de la fusion entre le SIHH, jadis réservé aux maisons du groupe Richemont (Cartier, Jaeger-LeCoultre, A. Lange & Söhne, Vacheron Constantin, IWC, Van Cleef & Arpels, Baume & Mercier…), et du salon Baselworld - aujourd’hui disparu - et ses grands noms (Chanel, Chopard, Patek Philippe, Rolex), le rendez-vous horloger genevois accueillera plusieurs dizaines de milliers d’amoureux de garde-temps jusqu’au lundi 7 avril prochain, dont le grand public les trois derniers jours. Pendant une semaine, professionnels et journalistes guetteront les bonnes nouvelles sur un marché morose à cause du ralentissement des ventes en Chine.
Pour faire face à cette récession aux faux airs de crise durable, le secteur horloger a pour l’instant réagi en appliquant la méthode du timbre-poste : vendre moins de montres, mais plus cher, à une clientèle plus aisée. Avec le risque, entre ajustement des coûts réellement en hausse (matières premières, énergie…) et optimisation des marges, de se couper d’une part de plus en plus importante du commun des amateurs de garde-temps. D’ailleurs, les exportations du « Swiss made » ont chuté l’an passé, après des années de croissance, à 5,4 millions de montres. L’industrie horlogère risque-t-elle de décourager ainsi la prochaine génération de clients de se rendre en boutique, privilégiant les pièces vintage et les modèles quartz à prix plus sage ? Cette édition 2025 de Watches & Wonders devra plus encore que d’ordinaire mettre en lumière la créativité et l’esprit d’innovation du secteur, mais aussi sa capacité à proposer de belles montres pour toutes les bourses.
Ce devrait être le cas cette semaine, dans une année chargée en anniversaires de marques comme de modèles. Temps chahutés obligent, les valeurs sûres devraient tenir le haut du pavé pour ce millésime 2025, chaque grande maison veillant à remettre au goût du jour ses icônes atemporelles et rassurantes. La tendance des montres sportives, aussi luxueuses que musculeuses, a également encore de beaux jours devant elle, même si la vague des plus petits diamètres initiée par le succès des montres vintage poursuit sa conquête des poignets. Quant aux maîtres des complications, ils rivalisent encore et toujours de talent pour proposer des pièces aux fonctionnalités astronomiques aussi rares que complexes. Après tout, qui a dit que la vocation d’une montre était encore de se contenter d’afficher l’heure ?