Avec ses salves douanières successives, qui devraient connaître leur apogée ce mercredi soir, désigné comme «jour de la libération» par Donald Trump, le républicain marque une franche rupture avec des décennies de pratique commerciale américaine. Depuis la Seconde Guerre mondiale en effet, les États-Unis ont progressivement réduit leurs droits de douane, passant d’un protectionnisme affirmé au début du XXe siècle à une politique largement ouverte. Selon le groupe de réflexion Tax Foundation, qui se base sur différentes sources officielles, le taux moyen des droits de douane sur les biens importés est ainsi passé de 19,8 % pendant la Grande Dépression des années 1930 à seulement 1,4 % en 2017. Mais cette tendance est en train de s’inverser.
The Budget Lab, un centre de recherche rattaché à l’université Yale, estime ainsi que les mesures protectionnistes mises en place par l’administration Trump depuis le début de son deuxième mandat ont déjà fait grimper le taux moyen des droits de douane effectif à 32,8 %, un niveau inédit depuis 1872. La nouvelle vague attendue de hausses tarifaires pourrait rapprocher ce taux des sommets atteints avec la loi Hawley-Smoot de 1930, qui avait imposé des droits de douane de 52% sur plus de 20.000 produits. De son côté, Bloomberg Economics a calculé que les importations américaines étaient taxées à 6,6% en moyenne en mars, un pic historique depuis les années 1960. Un niveau moyen de droits de douane effectif qui pourrait atteindre, dans un scénario maximaliste, jusqu’à 35%, selon Bloomberg.
Donald Trump, qui doit annoncer ce mercredi 2 avril (à 22h heure française) une nouvelle salve importante de tarifs douaniers, pourrait choisir d’imposer une taxe universelle allant jusqu’à 20% sur toutes les importations des partenaires commerciaux des États-Unis. Des droits de douane dits «réciproques» sont une autre piste sur la table. Interrogé sur la chaîne Fox News dimanche, Peter Navarro, fidèle conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a affirmé qu’il s’attendait à ce que ces surtaxes génèrent pour Washington 6000 milliards de dollars (5550 milliards d’euros) de recettes au cours de la prochaine décennie.