Marathon des Sables : la course est (presque) gagnée vers la féminisation

Le Marathon des Sables réunit à partir de vendredi 4 avril dans le désert marocain plus d’un millier de participants. Contrairement à beaucoup d’autres courses de trail équivalentes, il y a plus de femmes que d'hommes sur la ligne de départ : 56% de femmes, tous formats confondus. Pour atteindre cet objectif de parité, les organisateurs ont dû s’adapter.

Amélie Fernandez n'a pas choisi la facilité. Cette éducatrice spécialisée de 27 ans installée à Clermont-Ferrand s'aligne sur la plus longue distance : 252 km à parcourir en 6 étapes et 7 jours. "Je crois que ça va avec ma personnalité, raconte cette ancienne basketteuse au moment de boucler son sac. J’avais besoin de ce grand défi et de me challenger fortement. C’est sûr et certain, je m’attends à quelque chose de grandiose."

Tentes pour femmes

Comme Amélie Fernandez, elles sont de plus en plus nombreuses à tenter l'aventure. Les femmes représentent 27% des participants sur la grande distance, contre 6% encore récemment, et plus de la moitié des participants, tous formats confondus. Pour être plus inclusive, la course a été aménagée. Par exemple, en installant chaque soir sur le bivouac en plein désert des tentes exclusivement réservées aux femmes et en mettant fin à la mixité. "On met des tentes berbères et vous avez huit personnes dedans, explique Cyril Gauthier, le patron du Marathon des Sables. En tant que femme, vous pouvez vous retrouver avec sept mecs, ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple à intégrer."

Marathon des Sables, illustration. (DR / MARATHON DES SABLES)
Marathon des Sables, illustration. (DR / MARATHON DES SABLES)

Il a fallu aller parfois à contre-courant d'un milieu encore très masculin, où les femmes représentent moins de 10% des pratiquants sur les ultra-trails de longue distance. "On attaque tous les briefings de courses en parlant des serviettes périodiques pour dire que les femmes n’ont pas à en avoir sur elles pendant qu’elles courent, mais qu’elles en trouveront dans notre clinique et sur les check-points, insiste Cyril Gauthier. Je me suis fait taper sur les doigts dans le monde de l’ultra-trail, on m'a dit : 'Arrête, ça ne sert à rien d’en parler'. Et bien si, justement !"

Les choses commencent à évoluer et "il faut persister", raconte Laurence Clody, 62 ans qui a participé 6 fois au Marathon des Sables. "Il y a beaucoup de limites qui nous sont imposées dès le départ de nos vies, en tant que femmes, développe cette mère de 4 enfants et grand-mère de 12 petits-enfants. On nous dit que ce n’est pas possible. Dans cette course, tout est fait pour qu’au contraire, ce soit un vrai bonheur pour la gent féminine. Les femmes y ont une place évidente, qu’on ne voit que rarement. Pour avoir fait beaucoup de courses dans le monde, ce n’est pas acquis."

"En tant que femme, j’ai appris dans les courses et surtout le Marathon des Sables, qu’on possède des ressources insoupçonnées. On peut le faire."

Laurence Clody, participante au Marathon des Sables

franceinfo

Le faire, c’est bien l’ambition d’Amélie Fernandez qui va courir son troisième trail seulement. Même si la jeune femme ne se dit pas particulièrement "inquiète" par la promiscuité avec les hommes dans ce sport, elle salue ce nouvel environnement. "Ça peut rassurer énormément de femmes, notamment les aménagements sur le bivouac, quand il y a besoin d’un peu plus d’intimité. Ça peut donner envie à plus de femmes de participer à ce genre d’événements. En tant que femmes, on est toujours regardantes sur ce qui est mis en place, sur le Marathon des Sables ou d’autres compétitions sportives. Il y a de plus en plus d’initiatives qui intègrent nos questionnements et nos problématiques."

Le Marathon des Sables vise, d'ici à cinq ans, la parité parfaite pour ses courses les plus difficiles.