Guerre en Ukraine : trois questions sur la réponse "nuancée" de Vladimir Poutine à la proposition de cessez-le-feu

Vladimir Poutine veut-il vraiment d'un cessez-le-feu en Ukraine ou s'apprête-t-il à rejeter cette idée, comme le craint le président ukrainien Volodymyr Zelensky ? Le président russe a en tout cas fixé ses conditions jeudi 13 mars et elles varient peu de ses demandes formulées dès 2022. "Nous sommes pour, mais il y a des nuances", a déclaré Vladirmir Poutine au cours d'une conférence de presse au Kremlin, affirmant vouloir "en parler" avec les Américains et "peut-être appeler le président Trump"

"Prometteur, mais incomplet", a répliqué le président américain. Quand Volodymyr Zelensky, lui, a pour sa part mis en garde contre "les paroles très prévisibles et très manipulatrices de Poutine en réponse à l'idée" de ce cessez-le-feu que Kiev a accepté. 

Est-ce un "oui, mais" ou un "non" pour la Russie ?

Vladimir Poutine a, en quelque sorte, fait une antiphrase : dire quelque chose et penser le contraire. Le maître du Kremlin a ainsi formulé sa réponse en trois temps. D'abord des remerciements à Donald Trump, qu'il flatte comme d'habitude, avant d'affirmer qu'il soutient sa proposition de cessation des hostilités de 30 jours.

Dans un deuxième temps, il a énuméré tout un tas de difficultés qui tendent à montrer que cette proposition est néanmoins impossible à mettre en œuvre. En posant ouvertement des questions stratégiques : que faire à Koursk, où l'armée russe est en train de prendre le dessus ? Comment garantir à la Russie que, pendant 30 jours, l'armée ukrainienne n'en profitera pas pour se renforcer et se repositionner ? Un argument souvent avancé par l'état-major russe.

Enfin, il a rappelé que son souhait était un règlement global du problème, en posant de nouveau ses conditions sur la table. Or, ce que demandent les Américains aux deux camps, c'est précisément un cessez-le-feu inconditionnel, pour pouvoir discuter ensuite. Dans les faits, la réponse de Poutine est donc bien un "non". Et l'on en est donc toujours au même point que la veille.

Des négociations vont-elles débuter ?

En réalité, ces discussions ont même probablement débuté dès jeudi 13 mars, dans la soirée. Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, qui était arrivé dans la capitale russe dans la journée, a quitté Moscou dans la nuit. On a vu sa voiture arriver à l'aéroport de Vnoukovo, après être passé par l'ambassade américaine et 30 minutes plus tard, vers 2h30 du matin, c'était l'immense cortège de véhicules de Vladimir Poutine qui quittait le Kremlin.

Bien que le Kremlin annonçait leur rencontre et que les deux hommes ont probablement discuté jusque tard dans la soirée, ce n'est pas confirmé officiellement. Ce qui se disait aussi à Moscou, c'est que cette rencontre serait probablement préparatoire à un nouveau coup de fil entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

On sait aussi que le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, a beaucoup d'échanges avec Mike Waltz, le conseiller à la sécurité de Donald Trump. Il y a donc beaucoup de canaux d'échanges, mais pour l'instant, peu d'avancées.

Qu'est-ce qui pourrait assouplir la position de Poutine ?

Les Américains peuvent utiliser deux choses, à commencer par des sanctions. Ils ont commencé à le faire jeudi soir en ne renouvelant pas une autorisation, qui avait été accordée par Joe Biden, permettant aux banques russes de continuer à utiliser les systèmes de paiement américains pour certaines transactions. Ils peuvent aussi proposer, a contrario, aux Russes de desserrer l'étreinte des sanctions qui pèsent, quoi qu'on en dise, sur l'économie russe.

Enfin, Washington peut agir sur son soutien à l'Ukraine. Mais pas certains que cela suffise à amener Moscou à accepter de cesser les hostilités, même provisoirement. Vladimir Poutine peut aussi faire une contre-proposition et Washington peut changer de plan. Ce sera l'enjeu des prochains jours.