Crash d'un avion au Kazakhstan : les premières pistes d'enquête

De nombreuses questions restaient en suspens jeudi 26 décembre, au lendemain du crash au Kazakhstan d'un avion d'Azerbaijan Airlines à destination de la Russie, qui a fait 38 morts.

Des experts ont évoqué la possibilité que l'appareil, qui transportait 67 personnes, ait été abattu par erreur par la défense antiaérienne russe. Les autorités russes et kazakhes ont elles mis en garde contre les "hypothèses" et les "spéculations". Voilà ce que l'on sait de ce crash.

De premiers indices pointent vers une responsabilité russe 

Des experts militaires et d'aviation ont affirmé, commentant des impacts visibles sur l'épave de l'appareil Embraer 190, qu'il avait pu être abattu par accident par un système russe de défense antiaérienne lors de son approche de son aéroport de destination. L'avion, qui s'est finalement écrasé au Kazakhstan, de l'autre côté de la mer Caspienne, reliait l'Azerbaïdjan à la république russe de Tchétchénie, où des attaques de drones ukrainiens avaient été rapportées ces dernières semaines.

Mercredi, les autorités russes avaient fait part de frappes de drones dans deux régions voisines de la Tchétchénie, l'Ossétie du Nord et l'Ingouchie, à des centaines de kilomètres de la ligne de front ukrainienne.

Des trous visibles sur le fuselage de l'avion sont parmi les éléments cités pour soutenir cette piste. "Les traces qu'on voit sur l'avion laissent quand même penser que c'est assez probable" qu'il ait été abattu par un missile, a déclaré à l'AFP Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA).

Un blogueur et expert militaire russe, Iouri Podoliaka, a assuré sur Telegram que ces traces étaient similaires à celles qui pourraient être causées par "un système de missiles anti-aériens".

 

Un ancien expert du BEA, sous couvert d'anonymat, a aussi cité comme élément "le témoignage d'un passager qui aurait reçu des éclats dans son gilet de sauvetage".

Ce drame "rappelle le MH17", a-t-il estimé, en évoquant l'explosion en vol au-dessus de l'Ukraine en 2014 de cet avion de Malaysia Airlines parti d'Amsterdam, imputée par la justice néerlandaise au tir d'un missile russe. Le crash avait fait 298 morts.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé jeudi qu'il "serait inapproprié d'émettre des hypothèses avant les conclusions de l'enquête".

Les autorités du Kazakhstan, proche allié de la Russie, ont aussi dénoncé des "spéculations" et ouvert une investigation.

L'Azerbaïdjan opte pour la même piste

La chaîne internationale Euronews a indiqué qu'un missile sol-air russe avait provoqué le crash, citant des sources gouvernementales azerbaïdjanaises sous couvert d'anonymat. Le missile aurait été tiré durant "une activité aérienne de drones au-dessus de Grozny", capitale de la Tchétchénie où l'avion devait atterrir, a ajouté le média.

Caliber, un site azerbaïdjanais pro-gouvernemental, a indiqué qu'il s'agissait probablement d'un missile de système de défense antiaérienne Pantsir-S, citant là encore des sources gouvernementales.

La théorie des oiseaux peu probable

Azerbaijan Airlines a affirmé dans un premier temps que l'avion avait percuté une nuée d'oiseaux, avant de retirer cette information. Cette version a aussi été évoquée mercredi par l'agence de l'aviation civile russe (Rosaviatsia).

L'ancien expert du BEA a jugé la théorie peu probable. Des impacts d'oiseaux sur la structure, "ça n'empêche pas l'avion de voler", a-t-il dit. Le département régional du ministère kazakh de la Santé a lui fait état de "l'explosion d'un ballon" à bord de l'appareil.

"Une grosse inconnue" concernant la trajectoire

L'avion assurait mercredi un vol entre Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, et Grozny, capitale de la république caucasienne russe de Tchétchénie. Mais il s'est écrasé de l'autre côté de la mer Caspienne, près du port d'Aktaou dans l'ouest du Kazakhstan, situé très à l'est de sa destination initiale.

L'ancien directeur du BEA, Jean-Paul Troadec, a estimé que la trajectoire suivie par l'avion était "une grosse inconnue" de l'affaire.

L'agence de l'aviation civile russe (Rosaviatsia) avait indiqué mercredi qu'"en raison d'une situation d'urgence à bord de l'avion, son commandant avait décidé de se rendre vers un autre aérodrome - Aktaou a été choisi".

Le site spécialisé Flightradar24, qui suit les vols, a indiqué que l'appareil avait subi durant son vol "d'importantes interférences GPS".

L'avion a un temps "cessé d'envoyer des données de positionnements" puis a envoyé des données "probablement fausses", avant que la situation ne revienne à la normale, a affirmé le site.

Avec AFP