Archipel isolé du Danemark perdu entre l’Écosse, l’Islande et la Norvège, les îles Féroé demeurent l’un des secrets les mieux gardés de l’Atlantique Nord. Réputées pour leurs paysages à couper le souffle - falaises vertigineuses, cascades majestueuses, fjords profonds et villages pittoresques, ces 18 îles volcaniques offrent un terrain d’exploration unique pour ceux qui cherchent à s’éloigner des itinéraires touristiques classiques.
Mais si elles attirent des voyageurs en quête de paysages sauvages et de tranquillité, leur isolement et la rudesse de leur environnement ne sont pas sans risques. Les disparitions récentes de trois touristes étrangers ont ravivé l’attention des autorités locales sur les risques liés aux excursions dans ces zones. En l’espace de 24 heures, deux ressortissantes sud-coréennes, Soo Jung et Soo Yeon Park, et un touriste mexicain de 68 ans, Pedro Enrique Moreno Hentz, ont disparu sans laisser de trace, tous ayant été aperçus pour la dernière fois sur l’île de Vágar.
Passer la publicitéLe 2 septembre, en fin d’après-midi, les deux sœurs sud-coréennes sont signalées à Miðvágur, puis localisées grâce à leurs téléphones aux abords de la cascade de Bøsdalafossur. Elles auraient choisi de se rendre sur le site en taxi plutôt qu’en véhicule de location, une décision qui intrigue dans un archipel où les voyageurs préfèrent généralement l’autonomie. Le lendemain, Pedro Enrique Moreno Hentz disparaît à son tour. Ses données téléphoniques le situent dans la même région vers la mi-journée. Le jour suivant, son sac à dos est retrouvé à plusieurs kilomètres de là, sur une île voisine, sans qu’aucune explication claire n’ait été donnée par les autorités. Malgré la mobilisation de moyens considérables, le mystère reste entier, portant à sept le nombre total de disparitions de touristes rapportées sur l’archipel ces dernières années.
Guides locaux et comportements à risque : un constat préoccupant
Au-delà de l’émotion suscitée par ces disparitions, l’affaire met en lumière un problème récurrent dans la région : l’imprudence de certains visiteurs face à un environnement naturel aussi spectaculaire que dangereux. Selon Saviour Mifsud, guide et photographe local, «le problème principal vient de certains visiteurs qui sous-estiment les risques et pensent que tout est sûr». Parmi les comportements à risque qu’il observe le plus souvent, il cite notamment les selfies pris au bord des falaises. Une recherche d’images spectaculaires qui pousse trop souvent à prendre des risques inconsidérés : «Je vois malheureusement bon nombre de personnes se mettre en danger juste pour un selfie», confie-t-il au Figaro.
Si la plupart des visiteurs respectent les consignes de sécurité et les sentiers balisés, précise-t-il, il y a toujours quelques exceptions, et des touristes qui s’aventurent hors des zones sécurisées. Selon lui, le rôle des guides locaux est essentiel : «Nous n’avons jamais eu de problème avec nos clients, car nous savons exactement quoi leur dire et ils nous écoutent». Les touristes indépendants, qui explorent l’archipel sans accompagnement, restent en revanche plus vulnérables.
À ces risques s’ajoute une autre erreur fréquente : l’absence d’équipement adapté. Des habitants ont rapporté que les sœurs sud-coréennes portaient des vêtements blancs et des baskets, peu en adéquation avec les conditions humides et escarpées des falaises. «Une erreur peut être fatale», rappelle le guide, qui insiste sur l’importance de porter des chaussures de randonnée et de se préparer à des changements rapides de météo.
Accident ou geste intentionnel : le mystère reste entier
Si la piste de l’accident est évoquée, le caractère soudain et rapproché des trois disparitions soulève d’inévitables interrogations. Certains observateurs avancent la possibilité d’un geste volontaire. Dans un article, le média local local.fo a rapporté que les sœurs sud-coréennes avaient réservé un billet simple pour rejoindre l’archipel et qu’elles s’étaient volontairement isolées. Ces éléments alimentent l’hypothèse d’un suicide, reconnue parmi les pistes envisagées par la police, bien qu’aucune conclusion officielle n’ait été tirée.