Notre critique d’Une pointe d’amour, un road movie comme sur des roulettes
C’est le genre de comédie dramatique sur laquelle on n’aurait pas vraiment parié sa chemise. On aurait eu tort, car on ressort du premier film de Maël Piriou, Une pointe d’amour, l’esprit léger et l’humeur aussi joyeuse que vagabonde. Pourtant, sur le papier, cette comédie romantique en fauteuil roulant, remake du film belge Hasta la vista (2011), de Geoffrey Enthoven, ne promettait rien de bien folichon.
Mélanie (Julia Piaton), avocate en situation de handicap, ressort un peu chamboulée d’un examen IRM plutôt déprimant. Atteinte d’une maladie incurable qui écourte son espérance de vie, cette championne du barreau décide dans l’urgence d’organiser une virée en Espagne pour y découvrir les plaisirs du sexe dans une maison close inclusive. Dans son équipée sauvage, Mélanie embarque Benjamin (Quentin Dolmaire), son ami le plus cher, tétraplégique timide et réservé, également avocat, ainsi que Lucas (Grégory Gadebois), un voleur à la petite semaine bourru fraîchement sorti de prison dont elle défend le dossier.
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Dans son antique camionnette orange bourrée de vieilleries, Gadebois est prié de jouer à la fois les chauffeurs et les aides-soignants. Entre une émouvante baignade à Saint-Jean-de-Luz, une truculente soirée bowling et une course-poursuite en chaise roulante sur les sentiers caillouteux d’une Espagne écrasée de soleil, Une pointe d’amour réserve bien des surprises.
Road movie brinquebalant en forme de voyage thérapeutique, cette jolie romance sur le handicap brille surtout par son écriture affûtée et ses dialogues bien troussés. Le rythme est là. La tendresse aussi. Maël Piriou, qui a longtemps été scénariste et réalisateur de « making of », sort de l’ombre avec ce long-métrage qui balance allègrement entre Intouchables et Little Miss Sunshine, sans rien avoir à envier à Un p’tit truc en plus d’Artus.
La complicité entre les acteurs saute aux yeux. Grégory Gadebois, à qui le réalisateur a confié la lourde tâche d’harmoniser l’ensemble du film, s’en tire avec les honneurs. Quant au tandem Quentin Dolmaire et Julia Piaton, il fonctionne à merveille. Drôle, touchant, pudique et plein de tendresse sur un sujet grave, Une pointe d’amour pique le spectateur en plein cœur.
La note du Figaro : 3/4