Cédric Doumbé : «Se produire devant un public, ça sera la fin du jeu»
Le FIGARO. - Pourquoi sortir un livre si tôt dans votre carrière de MMA ? Vous attendez-vous à ce qu’elle soit brève ?
Cédric DOUMBÉ. - On me l'a dit plusieurs fois. C'est vrai que d'habitude on sort un libre en fin de carrière. J'ai décidé de le faire parce que je n'aime pas faire comme tout le monde. Et aussi parce qu'on ne sait pas de quoi demain est fait. Je pouvais le faire, tout simplement. S'il le faut pour la fin de carrière il y aura un deuxième volet.
Passer par l’écriture, est-ce une manière de vous exprimer plus posément, d’aller au fond des choses, vous qui êtes doué à l’oral ?
J'ai l'habitude de m'exprimer sur Snapchat, Instagram, etc... Ces vidéos durent vingt-quatre heures. Là c'est un livre qui va rester toute une vie. C'est un moyen de dire tout ce que j'avais envie et le figer. C’est un format où je ne suis pas censuré, où je peux m'exprimer librement et en entier. Celui que ça n’intéresse pas a toujours le choix de ne pas le lire.
Est-ce que vous ressentez le risque d’être enfermé dans un personnage ? Comme vous êtes connu pour être drôle, créatif, si vous vous exprimez différemment il y a un risque de décevoir. Il y a une pression à être divertissant tout le temps ?
Non, je ne pense pas m’être enfermé dans ce personnage-là parce que c'est ma personnalité. Il y a plusieurs choses qui font que les gens m'aiment. On me voit comme un type drôle, mais aussi comme un sportif compétent, talentueux. On me voit aussi comme un humain engagé notamment contre les violences faites aux femmes. Je pense que les gens connaissent déjà ces différentes facettes de moi-même, ils ne seront pas surpris de me voir plus sérieux dans ce livre.
Pourquoi le MMA a-t-il réussi en France là où le kick-boxing ou la boxe thaï ont échoué, c’est-à-dire percer le mur du grand public ?
C'est très difficile à expliquer. Je pense que c'est tout simplement lié aux États-Unis et notre suivi incessant. Le MMA y est connu et y a une place considérable depuis très longtemps. Ce qui est certain c'est qu'il a explosé en France juste après la légalisation. Avant il y avait déjà un peu du MMA, on appelait ça du pancrace. Mais les gens s’en fichaient, ils voulaient du MMA ! L’attente était déjà là. Une fois que ça a été légalisé le public s'est rué et on a découvert les talents qu'on avait déjà.
Le MMA, pour un profane, c'est simplement de la bagarre. Et tout le monde aime la bagarre. Tout le monde veut voir deux gladiateurs se faire face et s'affronter
Cédric Doumbé
Pourquoi est-ce que désormais des garçons lambdas ont besoin d’aller se tester en sports de combat ? Dans les années 1990-2000, la boxe thaï c’était un sport extrême réservé à une niche.
La boxe thaïlandaise est un sport très spécifique. Le MMA, pour un profane, c'est simplement de la bagarre. Et tout le monde aime la bagarre. Tout le monde veut voir deux gladiateurs se faire face et s'affronter. On aime voir ressortir le meilleur des deux, on aime imaginer qui sera le plus fort, parier dans sa tête sur un combattant, s'attacher à lui, l'encourager, voir qui gagne. On aime détester, aussi. Tout ça c'est primaire. Le culte de la force est dans tout le monde.
Peut-être que c'est là où le MMA se distingue des autres sports de combat où il faut connaître des règles et s'intéresser en profondeur pour aimer ; pour le MMA il n'y a pas vraiment besoin de connaître les règles et le sport pour savoir qui prend l'avantage debout au sol. C'est ça qui fait que c'est un sport de combat universel, peu importe d'où on vient, peu importe la langue qu'on parle.
C’est le football des sports de combat ?
C'est un peu ça. Et encore, dans certains pays on s'en fiche du foot. Alors que la bagarre c'est universel. Même…