Guerre à Gaza : Israël assure qu'il n'y a pas de «malnutrition généralisée»
Israël a démenti mardi 12 août tout «phénomène de malnutrition généralisée» dans la bande de Gaza en contestant les avertissements de l’ONU et les chiffres donnés par le ministère de la Santé du Hamas sur le nombre de victimes de la faim. Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez a déclaré avoir évacué 44 enfants blessés de l’enclave palestinienne au cours des derniers mois avec une centaine de leurs proches, qui ont été répartis dans toute l’Espagne pour être soignés et pourront demander l’asile. Et l’UE et 24 pays dont le Royaume-Uni, le Japon, le Canada et l’Australie appellent à agir de manière «urgente» pour mettre fin à une situation de «famine» à Gaza. Le Figaro fait le point sur la situation.
Israël réfute l’existence d’une «malnutrition généralisée» à Gaza
Un organisme dépendant du ministère de la Défense israélien a publié ce mardi 12 août un nouveau rapport affirmant qu'il «n'y a aucun signe de phénomène de malnutrition généralisée» dans la bande de Gaza, où l'ONU met en garde depuis des semaines contre un risque de «famine généralisée» .
Passer la publicitéLe Cogat, en charge de l'administration civile des territoires palestiniens, indique dans ce rapport avoir procédé à un «examen approfondi» des données et chiffres du Hamas sur les décès dus à la malnutrition dans le territoire palestinien. Le ministère de la Santé à Gaza, sous contrôle du mouvement islamiste, estime à ce jour le nombre total de victimes de la faim à 227 morts, dont 103 enfants. Le Cogat relève «un écart significatif» entre ces chiffres et «les cas documentés, avec des détails d'identification complets» dans les médias et sur les réseaux sociaux, ce qui «soulève des doutes sur leur crédibilité».
«L'analyse au cas par cas des décès publiés montre que la plupart (...) souffraient de conditions médicales préexistantes qui ont entraîné la détérioration de leur état de santé, sans rapport avec leur statut nutritionnel», affirme aussi le Cogat, pour qui ces «cas extrêmes (...) ne représentent pas la condition de la population générale de la bande de Gaza». Le Cogat soutient en conclusion qu'il n'y a «aucun signe d'un phénomène de malnutrition généralisée» parmi les Gazaouis, dénonçant «l'exploitation cynique d'images tragiques» par le Hamas.
Dans un communiqué publié mardi, le Hamas a publié une longue «réfutation des mensonges» du Cogat, «tentative désespérée et vaine de camoufler un crime documenté au niveau international, la famine systématique» de la population gazaouie selon le mouvement islamiste.
L’Espagne a évacué 44 enfants blessés et une centaine de leurs proches de Gaza au cours des derniers mois
L’Espagne a évacué au cours des derniers mois 44 enfants gazaouis blessés ou malades, ainsi qu’une centaine de leurs proches, a annoncé ce mardi 12 août le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez.
«Le gouvernement espagnol a complété avec succès quatre opérations d’évacuation de 44 enfants gazaouis blessés ou malades, ainsi qu’une centaine de proches», a expliqué le ministère des Migrations dans un communiqué, un processus qui a pris plusieurs mois. «L’organisation et l’exécution de ces missions» ont été réalisées «en collaboration avec des organisations internationales et des pays alliés pour le transfert depuis des points sûrs hors de la zone de conflit», a détaillé le ministère.
Passer la publicitéLes enfants et leurs familles ont été répartis dans toute l’Espagne pour leur traitement médical. Ces personnes pourront demander l’asile, ajoute le communiqué. La ministre, Elma Saiz, citée dans le document, s’est félicitée que «la solidarité et la coopération internationale sauvent des vies». Le gouvernement de Pedro Sánchez est l’une des voix européennes les plus critiques envers l’action israélienne à Gaza. Fin 2023, l’exécutif avait déjà rapatrié 139 citoyens espagnols et leurs familles résidant à Gaza.
L’UE et 24 pays dénoncent une situation de «famine» à Gaza
L’Union européenne, le Royaume-Uni et le Japon ont dénoncé mardi une situation de «famine» à Gaza, appelant à agir de manière «urgente» pour y mettre fin. «La détresse humanitaire à Gaza a atteint un niveau inimaginable. Une famine se déroule sous nos yeux», écrivent l’UE et 24 pays dans un communiqué commun.
Ces signataires, dont le Canada et l’Australie, exhortent Israël à «autoriser tous les convois d’aide humanitaire des ONG internationales et à lever les obstacles qui empêchent les humanitaires d’intervenir». Cette déclaration est signée par la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, et les ministres des Affaires étrangères de 17 États membres dont la France, mais pas l’Allemagne.
Les Vingt-Sept se sont montrés particulièrement divisés sur l’attitude à adopter vis-à-vis d’Israël depuis le début de sa guerre à Gaza contre le Hamas, en réplique à l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 sur le sol israélien par ce mouvement islamiste palestinien. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont longtemps insisté sur le droit d’Israël à se défendre, dans le respect du droit international, tandis que d’autres, comme l’Espagne, dénoncent un «génocide» à l’encontre des Palestiniens de Gaza.
Berlin a toutefois amorcé un changement de cap majeur vendredi 8 août, en annonçant suspendre les exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser à Gaza. Au sein même de la Commission, les lignes commencent elles aussi à bouger. Dans une interview donnée à Politico, sa vice-présidente Teresa Ribera a estimé que la situation à Gaza «ressemblait beaucoup» à un «génocide».