TEMOIGNAGES. "Je veux apprendre la vraie histoire de la Syrie" : après la chute de Bachar al-Assad, les programmes scolaires à la gloire du régime sont à repenser
Tout est à reconstruire en Syrie. Le gouvernement se met en place, après la nomination d'un Premier ministre, Mohammed al-Bachir, chargé de la transition. Les chantiers sont énormes, il faut rebâtir une économie à terre, prendre en compte les minorités dans l’administration du pays, répondre à la demande de justice, mais il faudra aussi repenser l’éducation. C’est ce que demande la jeunesse syrienne : il faut réécrire les manuels scolaires.
À Damas, les écoles n'ont pas rouvert, mais Hafez, qui doit passer son baccalauréat, révise. Mais pas toutes les matières : pour les sciences et les mathématiques, il n'y a pas de problème. En revanche, pour l’histoire et les matières littéraires, le jeune homme estime qu'il y a trop de propagande et espère que cela va changer. "Il y a cette matière obligatoire qui encense le régime, l’éducation au nationalisme. Et ces poèmes en arabe littéraire à la gloire d'Assad, explique Hafez. C’est n’importe quoi, on espère qu’ils vont les supprimer. Je veux apprendre la vraie histoire de la Syrie", plaide-t-il.
"Les injustices commises par les Assad, on ne les a jamais apprises parce que le parti Baas était au pouvoir."
Hafez, lycéen syrienà franceinfo
Son camarade opine, les programmes étaient constamment révisés mais pas dans le bon sens : "Dans les années 70, quand Hafez [al-Assad, le père de Bachar] a pris le pouvoir, ils ont rajouté que c’était un réformateur qui a introduit la modernité, développé les technologies, fait tant de bien pour le pays, alors qu’en réalité tout le monde sait que c’est l’opposé."
Quant au soulèvement de 2011 contre Bachar al-Assad, ajoute-t-il, c’est comme s’il n’avait jamais existé. "Ils ne disent pas 'révolution', ils font tout pour l’ignorer. Pour eux ce n’est jamais arrivé, c’est juste une crise qu’ils ont surmontée. Ou alors, quand ils en parlent, ils disent qu’il s’agit de terroristes dont ils se sont débarrassés", dénonce le lycéen.
La place des femmes
Et ces rebelles islamistes, vont-ils laisser la place aux femmes dans l’éducation ? Cette jeune collégienne n’en doute pas : "Les filles ont un rôle crucial pour construire la nation, nous devons être éduquées et cultivées. Nous ne craignons pas les rebelles car ils sont avec nous. Ils ont libéré le peuple."
Angelina, étudiante en médecine, rit de cette liberté retrouvée et ne craint pas de la perdre. "Je suis une femme, je ne porte pas de voile, ils ont dit que personne ne devrait dire aux femmes ce qu’elles doivent porter ou non. S’il vous plaît, regardez ce qu’ils ont fait jusqu’à présent. On ne peut pas savoir ce qui va arriver. Mais jusqu’à maintenant tout ce qu’ils font est très bien. Et pour la première fois, ajoute-t-elle, je suis fière d’être syrienne et je veux œuvrer au bien de mon pays."