« Une large contamination au mercure et à d’autres polluants toxiques » : les lacs et cours d’eau européens sont dans un état sanitaire « critique »

Les lacs et cours d’eau européens sont dans un état sanitaire « critique » : c’est le constat alarmant dressé par la Commission européenne dans le cadre d’une série de rapports publiés ce mardi 3 février sur la qualité de l’eau et la gestion des inondations.

« Seulement 39,5 % des masses d’eau de surface de l’UE sont en bon état écologique et 26,8 % en bon état chimique » en 2021, selon l’institution ; elles étaient 33,5 % en « bon état chimique », six ans plus tôt. Dépôts atmosphériques, rejets des industries, utilisations des nitrates pour l’agriculture intensive : cette baisse s’expliquerait principalement du fait d’une « large contamination par le mercure et d’autres polluants toxiques ».

Des mauvaises nouvelles sont partagées, mais aussi des bonnes : en matière de lutte contre les déchets en bord de mer, le rapport pointe une diminution de leur nombre de 29 % sur les plages d’Europe, toujours entre 2015 et 2021. S’agissant de l’eau potable, l’état des nappes phréatiques européennes s’est légèrement amélioré sur la même période.

L’interdiction des PFAS envisagée

La proportion de masses d’eau souterraines en bon état chimique est ainsi passée de 82,2 % à 86 %. À ce sujet, la France fait figure de mauvais élève sur le continent : 31 % de ses eaux souterraines étaient « polluées par des pesticides et des nitrates ». Ces concentrations trop élevées ont par ailleurs poussé la Cour de justice de l’Union européenne à engager une procédure contre la France en juillet dernier pour non-respect de la directive sur l’eau potable.

En outre, la Commission exhorte les États membres à investir davantage dans leur politique de l’eau ; elle prévient d’ores et déjà que les 27 ne parviendront pas à respecter les objectifs européens sur la qualité de l’eau en 2027. Une « stratégie sur la résilience de l’eau » sera présentée au printemps pour endiguer la raréfaction des ressources et lutter contre la pollution. « Il est temps de changer de mentalité, nous ne pouvons plus considérer l’eau comme un acquis », a rappelé la commissaire européenne Jessika Roswall, chargée de l’environnement, en conférence de presse ce mardi.

L’intéressée a également évoqué une révision de la loi qui encadre les substances chimiques en Europe et un renforcement de la lutte contre les polluants éternels, dits PFAS, pour la fin de l’année. Malgré le coût exorbitant qu’engendrerait une dépollution des PFAS, l’UE étudie leur interdiction dans les produits de consommation courante tels que « les boîtes à pizza ou les vêtements imperméables », mais de nombreuses exceptions devraient être délivrées, notamment dans le secteur médical.