Brésil : Bolsonaro a-t-il fait espionner 30 000 opposants lorsqu’il était au pouvoir ?
Un gouverneur (aujourd’hui ministre), des journalistes, des juges, des avocats, des députés, des sénateurs, des hommes politiques… Au total, environ 30 000 personnes – toutes opposées au président alors au pouvoir, Jair Bolsonaro (2019-2023) – auraient été espionnées par Alexandre Ramagen lorsqu’il dirigeait le service fédéral de renseignement, de 2019 à 2022.
L’utilisation illégale et massive d’un système d’écoute et de géolocalisation avait été révélée l’année dernière par le journal O Globo, ce qui avait incité l’Agence brésilienne de renseignement (ABIN) à ouvrir une enquête interne. Puis la police fédérale brésilienne à arreter, en octobre, dernier plusieurs de ses agents dans le cadre d’une vaste opération au cours de laquelle le numéro trois de l’institution avait été démis de ses fonctions. C’est donc aujourd’hui le numéro un de l’agence d’espionnage qui est directement visé.
« Au profit de la famille Bolsonaro »
Très proche de l’ancien président, Alexandre Ramagen, aujourd’hui député fédéral du Parti libéral, est soupçonné par la Cour suprême de faire partie d’une « organisation criminelle » visant à surveiller sans mandat judiciaire des personnes et des autorités publiques « au profit de la famille Bolsonaro ».
Une nouvelle affaire qui tombe mal pour l’ancien président d’extrême droite, confronté depuis la fin de son mandat à plusieurs enquêtes et poursuites judiciaires, notamment pour sa participation présumée à la tentative de coup d’État du 8 janvier 2023.
Parmi les cas d’espionnage détectés au cours de l’enquête, la surveillance du gouverneur du Ceará de l’époque, Camilo Santana, du Parti des travailleurs, aujourd’hui ministre de l’éducation dans le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva, du président de la Chambre des députés, Rodrigo Maia (membre du Parti de la social-démocratie brésilienne), ou encore de la procureur chargée de l’enquête sur l’assassinat de Marielle Franco ou encore de points noirs dans des dossiers en lien les affaires judiciaires contre les membres du clan Bolsonaro.
Dans une interview accordée à Globonews, Ramagen, candidat bolsonariste à la mairie de Rio de Janeiro aux élections municipales prévues en octobre, a affirmé être la victime d’une cabale, affirmant que « l’ABIN est énorme et que ses départements sont indépendants pour mener à bien leur travail ».